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French Music

Antoine Assayas convoque l’exil intérieur et les souvenirs lointains dans “EXIL”

Antoine Assayas convoque l’exil intérieur et les souvenirs lointains dans “EXIL”
  • Publishedavril 16, 2025

Il y a dans la musique d’Antoine Assayas quelque chose de ce moment suspendu où, à l’aéroport, ton vol est retardé et tu regardes fixement les panneaux d’affichage, un casque vissé sur les oreilles, le cœur ailleurs. Avec EXIL, extrait de son troisième EP Quand j’aurai l’âge, le musicien globe-trotteur parisien installé entre Hanoï et l’ailleurs signe une ballade aérienne, intime et pourtant étrangement vaste, comme une carte postale envoyée à soi-même depuis un rêve.

Dès les premières secondes, EXIL trouble. Le morceau s’ouvre sur des textures organiques, granuleuses, presque imperceptibles : peut-être un field recording capté à l’aube dans la jungle du Myanmar ou près d’un temple indien au chant matinal. Puis arrive cette voix douce, voilée, presque murmurée, comme si Assayas chantait à travers un filtre de brume ou de souvenirs. Il ne s’adresse pas vraiment à quelqu’un : il raconte une fuite, une absence, un “ailleurs” qui n’est pas géographique mais émotionnel.

Musicalement, Assayas tisse ici une pop minimaliste teintée d’électro downtempo et d’accents asiatiques subtils – un mélange entre Unknown Mortal Orchestra sous valium, Connan Mockasin en méditation, et Brigitte Fontaine si elle avait enregistré à Saigon. La cithare et les nappes synthétiques s’enlacent en arrière-plan, pendant que la batterie déconstruite imprime un tempo irrégulier, comme les battements d’un cœur exilé.

Dans EXIL, le voyage ne se fait pas en avion mais à l’intérieur de soi. C’est une errance douce-amère, entre apesanteur et ancrage, entre ce qu’on fuit et ce qu’on espère retrouver. C’est une berceuse pour adultes désorientés, une prière électronique pour ceux qui n’ont jamais su où poser leurs valises – et peut-être n’en ont jamais eu envie.

Antoine Assayas continue de creuser le sillon d’une pop voyageuse, rêveuse, frontalière, sans jamais céder à la carte postale facile ni à la world-music de vitrine. EXIL est un morceau qui ne dit pas “regarde où je suis allé”, mais plutôt “voilà ce que j’ai ressenti en partant”. Et c’est mille fois plus précieux.

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Extravafrench

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