Il y a des morceaux qui ressemblent à des carnets intimes qu’on aurait balancés dans un volcan. I Miss You But I’m Happy de Jeremy Sprung est de ceux-là : un labyrinthe sonore sans panneau de sortie, un cri doux-amer qui danse entre genres et langues, et une mise à nu à vif d’une génération qui ne veut plus choisir entre le chagrin et la beauté.
23 ans, une double culture franco-israélienne, une guitare, une MPC, et un cœur qui bat à contretemps — Sprung n’a pas cherché à faire un tube, il a jeté un sort. Celui qui transforme des souvenirs flous en obsessions musicales. Sa voix navigue entre spoken word désabusé et montée vocale à la Jeff Buckley version post-internet. Il rappe comme on écrit dans un carnet au bord d’un lit défait. Il chante comme on gueule dans un tunnel vide à 3h du matin, sans réponse attendue.
Le morceau est construit comme une fracture : beat électronique instable, murs de guitares qui jaillissent sans prévenir, éclats de voix en plusieurs langues comme autant de fantômes d’un passé multiforme. Il parle de tout ce qui ne tient pas : les relations, les sens qu’on donne à ce qui ne devait pas en avoir, les boucles temporelles d’un deuil amoureux jamais vraiment digéré.
Mais là où beaucoup sombreraient dans la plainte, Sprung choisit la transcendance. Dire “je vais bien” tout en pleurant un hier qui ne reviendra pas. Une catharsis queer et solaire, où les larmes se mélangent au sourire d’avoir ressenti quelque chose de vrai. De fort. D’inexplicable.
Avec ce titre, Jeremy Sprung ne propose pas un single : il propose une expérience émotionnelle brute. Un uppercut tendre dans le ventre du nihilisme. Une preuve que les histoires qui ne devaient pas compter sont parfois celles qui nous sculptent le plus.
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2 Comments
Extraordinaire merci beaucoup !
avec grand plaisir 🙂