Un bon morceau de club, c’est souvent une histoire de drop. Mais un morceau inoubliable, c’est une affaire de suspens. Et “I Will Wait”, la collaboration entre Boris Way et le topliner néerlandais Jaimes, est de ceux qui suspendent — le temps, le souffle, et parfois, le cœur. Ce n’est pas une bombe de dancefloor, ce n’est pas non plus une ballade électro plan-plan. C’est un entre-deux, un équilibre rare, fragile, terriblement humain.
À première écoute, “I Will Wait” évoque cette ligne invisible entre l’attente et la perte, cette faille lumineuse qu’on aperçoit juste avant qu’un amour ne chavire ou ne prenne son envol. Tout commence par la voix de Jaimes, douce mais assurée, qui distille les mots avec la lenteur d’un aveu retenu trop longtemps. Sa voix n’est pas simplement un instrument, elle est le récit : elle dit le temps qui passe, le cœur qui reste, et cette promesse silencieuse que tout amour sincère contient — celle de rester là, coûte que coûte.
Boris Way, lui, pose un écrin parfaitement dosé autour de ce texte. Là où beaucoup de producteurs auraient densifié les textures, il choisit l’espace. Il laisse respirer les nappes, les accords s’étirer, les percussions s’installer tardivement, presque comme si elles attendaient elles aussi quelque chose — ou quelqu’un. Le morceau construit une tension minimaliste, une montée émotionnelle qui n’a pas besoin d’un climax tapageur pour fonctionner. On pense à Lane 8 pour cette capacité à faire parler les silences, à Ben Böhmer pour la science du détail mélodique qui touche juste.
“I Will Wait” est aussi, et surtout, une chanson sur le lâcher-prise. Une sorte de mantra discret qui inverse les codes de la musique électronique festive pour en faire un moment d’introspection collective. Ce n’est pas tant un tube qu’un espace émotionnel. Le genre de morceau que vous pourriez entendre à 5h du matin sur un dancefloor en extérieur, quand les corps sont fatigués mais les âmes encore bien éveillées. Ou dans vos écouteurs, un jour de pluie, quand vous repensez à quelqu’un que vous n’avez pas su retenir.
Le morceau s’inscrit dans une trajectoire plus large pour Boris Way, qui, après le succès viral de “Pink Soldiers”, semble affiner son propos. Fini les gimmicks faciles : “I Will Wait” confirme sa mue vers un son plus profond, plus texturé, plus sincère. Un virage qu’on pourrait presque qualifier d’auteuriste — et c’est là où il devient passionnant à suivre. De son côté, Jaimes confirme qu’il est bien plus qu’une voix de l’ombre pour les grands noms de l’EDM. Il est un narrateur, un interprète capable de faire exister une chanson comme un court-métrage dans la tête de celui qui l’écoute.
“I Will Wait” n’est pas là pour séduire tout le monde. Il est là pour toucher juste. Et dans ce qu’il déploie de pudeur, de beauté contenue, et de délicatesse émotionnelle, il y parvient avec une grâce rare. Un titre qui parle à ceux qui ont attendu. À ceux qui attendent encore. À ceux qui savent que parfois, l’amour ne fait pas de bruit — mais qu’il n’en est que plus vrai.
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