Oubliez le folklore figé des grands espaces américains fantasmés par les westerns télévisés. Olav Larsen, lui, trace son sillon ailleurs — dans un fjord de mémoire, à mi-chemin entre le bayou et les brumes scandinaves. Avec Stream of Consciousness Vol. 2, le songwriter afro-norvégien revient habité, presque hanté, par une country intérieure, roots jusqu’à l’os mais toujours en mouvement, traversée par la voix rauque des marginaux qu’on n’écoute plus.
Pas besoin de Stetson ici : la patine vient des guitares slide, de l’ombre des souvenirs, de ce grain de voix qui tremble comme une planche de bois sous l’averse. L’album s’ouvre sur When the Past Presents the Future, ballade spectrale où Larsen installe son théâtre de songes. C’est un disque à lire comme un journal intime, ou une confession murmurée à une bouteille vide — Miss You et Dreamer s’embrassent dans la lumière jaune d’un diner déserté, pendant que Finding Myself creuse dans le limon d’une quête existentielle sans fin.
Dans That’s OK with Me, l’ironie douce-amère d’un homme qui accepte de se perdre. Don’t Care, lui, fait l’effet d’un uppercut ralenti, comme si Townes Van Zandt chantait dans une église abandonnée. Et quand on croit l’avoir cerné, Larsen tisse avec In My Dream une nappe quasi gospel qui n’appartient qu’à lui, avant de nous désarçonner avec You’re Not the Same, déclaration d’aliénation douce et résignée.
L’album se referme sur Protest Singers, pas un hymne révolutionnaire, mais une élégie pour ceux qui, jadis, avaient encore quelque chose à dire. Larsen ne crie pas. Il murmure dans le tumulte. Et c’est précisément là, dans ce chuchotement venu du Nord, que renaît la folk — farouche, bancale, sincère.
Un disque de fuite et d’ancrage à la fois, comme un feu de camp improvisé au bord d’un monde en ruine.
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