Certains morceaux ne sont pas écrits, ils sont arrachés à la nuit comme un aveu qu’on aurait trop longtemps retenu. Sleepless de Will Pogue, c’est cette insomnie familière qu’on tente d’étouffer dans l’oreiller mais qui revient hanter les battements du cœur à trois heures du matin. Une ballade synthétique en clair-obscur, aux allures feutrées mais au cœur incisé, surgie du tumulte d’un amour impossible et de la lucidité qui s’impose quand les illusions tombent.
Loin de la pop formatée qui pleure en souriant, Will Pogue choisit ici l’intime brut, l’hésitation qu’on entend dans chaque silence, la pesanteur d’une rupture qui ne cherche pas à faire spectacle mais à s’ancrer dans le réel. En reconstituant un morceau effacé — au sens propre comme au figuré — l’artiste texan nous offre un fragment de sa propre vulnérabilité. Il y a quelque chose de profondément touchant dans cette reconstruction lente, dans cette façon qu’il a d’abandonner la quête de perfection pour épouser la vérité de l’instant.
Avec une production fine comme un fil tendu, Sleepless évoque autant les textures introspectives d’un Jeremy Zucker que les clartés blessées d’Ashley Kutcher. Chaque couche sonore semble respirer avec difficulté, comme si les synthés eux-mêmes avaient du mal à lâcher prise. La voix de Will, jamais démonstrative, agit comme un écho discret à nos propres renoncements — elle ne cherche pas à consoler, seulement à partager l’étreinte silencieuse de la mémoire.
En filigrane, c’est aussi le portrait d’un jeune artiste qui apprend à faire avec l’impermanence, à accepter de ne pas toujours tout contrôler pour mieux laisser naître la beauté dans le chaos. Un morceau suspendu entre le passé et l’avenir, entre la perte et la possibilité, entre les mots qu’on n’a pas su dire et ceux qui finissent par nous sauver.
Et dans cette insomnie musicale, on se reconnaît. Parce que nous aussi, parfois, on n’arrive pas à dormir.
Pour découvrir plus de nouveautés POP, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAPOP ci-dessous :
