Avec son nouveau, “En émoi”, Rap Elle nous transporte dans une chambre. Avec les rideaux tirés, la lumière tamisée par des souvenirs qui collent à la peau comme un drap d’été humide. Ce single est un battement irrégulier dans le creux de la poitrine. La Parisienne insulaire y réinvente son propre souffle dans une pop francophone suspendue, presque irréelle, comme si elle chantait à l’intérieur d’un coquillage abandonné sur une plage.
On avait connu Rap Elle dans un registre plus tranchant, quelque part entre les claquements urbains de MC Solaar et les fulgurances désinvoltes de Billie Eilish. Mais ici, elle nous attrape autrement. Plus bas. Plus lentement. “En émoi” n’a pas besoin de crier pour troubler. C’est dans l’économie de mots, la retenue instrumentale, que naît sa densité. Une boucle douce comme un ressac, un beat discret qui pulse comme un cœur inquiet, et cette voix, mate, souterraine, qui semble s’étonner elle-même d’oser murmurer.
Ce n’est pas une chanson d’amour. Pas vraiment. C’est plutôt une façon d’explorer l’inconfort délicieux de l’attente. Une mélodie qui se déplie dans l’intime, comme un lit qu’on referme après une nuit blanche, ou une photo qu’on regarde trop longtemps sans la montrer à personne. Pas besoin de crescendo ici : Rap Elle maîtrise le silence comme d’autres domptent les refrains. Elle ralentit le temps pour mieux nous laisser respirer.
Et ce qui frappe, c’est ce flou volontaire, cette ligne d’horizon incertaine. Comme si “En émoi” avait été écrit entre deux lieux, deux états, deux marées. Une chanson qui ne cherche pas à conclure, mais à habiter le trouble. Ce genre de morceau qu’on écoute les yeux ouverts, dans le noir, pour se rappeler qu’on est vivant.
Pour découvrir plus de nouveautés POP, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAPOP ci-dessous :
