Il y a dans Jeju Organic Green Tea quelque chose d’aussi inattendu que de trouver de la grâce dans un sachet de thé industriel. Le morceau débute comme un clin d’œil à une époque révolue — celle des salons moquettés, des cartouches Game Boy et des boîtes en plastique pleines de cassettes. Mais très vite, Munan renverse le souvenir en le froissant contre un breakbeat acéré, avec la nervosité rêveuse des meilleures séquences de Jet Set Radio ou de Tony Hawk Pro Skater 2.
On y entend une jungle liquide, saturée d’échos et de basses bondissantes, parcourue de jazz chords mélancoliques comme une pluie tiède sur un quai de métro tokyoïte. Il ne s’agit pas seulement d’un hommage aux textures DnB et breakbeat des années 90-2000. C’est une reconstitution sensible et précise d’un imaginaire adolescent, où chaque séquence rythmique semble tapisser les murs mentaux d’une nostalgie dont on ne sait plus si elle est vécue ou fantasmée.
Le titre du morceau, trouvé sur un banal sachet de thé dans un supermarché coréen, aurait pu rester une anecdote. Mais chez Munan, tout devient matière à poésie glitchée. L’industriel devient organique, le packaging devient mythe, et le tempo effréné cache en filigrane un désir de ralentir, de se perdre dans le souvenir d’un monde analogique.
On sent dans Jeju Organic Green Tea l’empreinte d’un artiste qui ne se contente pas d’évoquer des sons du passé, mais les réinterprète comme un patchwork affectif. La jungle n’est pas ici seulement un genre musical : c’est un refuge numérique, une échappée belle dans le labyrinthe des souvenirs et des textures.
Un avant-goût puissant et délicieusement déroutant de son EP Everything in Between, prévu pour le 28 mai. Et si ce thé ne vous réveille pas, c’est que vous ne rêviez plus.
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