On pourrait croire à une simple ballade de plus, mais 2 Years est une faille ouverte. Une douce fracture dans la chronologie intime de Simone Eversdijk. Une chanson comme on en entend rarement, de celles qui murmurent des vérités trop lourdes pour être dites autrement que par la musique. Ce n’est pas un cri, ce n’est pas une plainte. C’est un lent soupir qui devient rivière, un chant d’amour posthume qui ne cherche pas à réparer l’absence, mais à l’habiter.
Dès les premières secondes, le piano trace une ligne nue, sans effet de manche, comme un fil tendu entre la mémoire et l’instant. Il y a dans cette composition quelque chose de fragile et d’irrévocable, comme une lettre qu’on n’a jamais envoyée et qui arrive pourtant à destination. La voix de Simone, chaude et presque sans défense, flotte au-dessus de tout, entre chagrin contenu et gratitude lumineuse.
Les arrangements symphoniques, d’une finesse rare, ne viennent jamais écraser la douleur. Ils l’accompagnent, la cajolent. Le saxophone, en quelques notes, dessine la silhouette d’un souvenir qui refuse de s’effacer. Et quand la voix s’efface dans le spoken word final, c’est tout un monde intérieur qui bascule doucement vers la lumière. Une descente en spirale vers l’acceptation, sans grand mot, sans pathos, juste une vérité nue : on aime encore, même quand l’autre n’est plus là.
Il y a du Agnes Obel dans l’air, du Damien Rice dans le souffle, mais Simone Eversdijk ne se contente pas d’évoquer ses influences. Elle s’en sert pour sculpter un langage propre, à mi-chemin entre la pop orchestrale, la folk cathartique et un classicisme assumé. 2 Years ne s’écoute pas seulement. Il s’accueille. Comme on accueille un chagrin qu’on a trop longtemps laissé dormir sous la peau. Un morceau qui ne dit pas « tout ira bien », mais « je te comprends ». Et parfois, c’est exactement ce dont on avait besoin.
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