On entre dans The Night Circus comme on glisse sous un rideau de velours rouge élimé, attiré par une lumière louche et des échos de tambourins fêlés. Il y a dans cet EP de Kat Koan une forme de vertige théâtral, un plaisir carnavalesque à tout détraquer : la pop, les structures, les attentes, le bon goût. Six morceaux comme six numéros de foire détraqués, où chaque son semble jaillir d’un coffre à jouets hanté ou d’un manège ayant trop tourné.
Kat Koan ne compose pas, elle convoque. Des voix intérieures, des créatures baroques, des colères douces, des personnages borderline qu’on croirait échappés d’un film de Gregg Araki version Berlin Est. Produit avec Cameron James Laing dans ce studio-laboratoire qu’est The Famous Gold Watch, l’EP respire la sueur artisanale, l’amour du glitch noble, la distorsion taquine et le bricolage sacré.
Recipe for Disaster t’attrape par le col. Cocoon t’enveloppe avec une douceur faussement inoffensive. BOOM! défonce les cloisons. Dream Girl est un miroir trouble tendu à l’ego collectif. Loose Woman envoie valser les étiquettes avec une jubilation contagieuse. Et Time is Honey, minute d’élégance funèbre, referme le rideau sur ce théâtre miniature où chaque piste sonne comme une valise pleine de secrets.
Il ne s’agit pas ici de “jolis morceaux”. Il s’agit d’un monde. D’un cabaret mental où l’on vient se perdre pour mieux se retrouver. Koan ne cherche pas à séduire : elle invite, provoque, fait de l’étrangeté un refuge. The Night Circus est de ces œuvres qui ne s’apprivoisent pas mais qui restent dans le corps comme un rêve trop réel. On sort de l’écoute un peu changé. Et très légèrement maquillé.
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