Il y a parfois des chansons qui ne demandent pas la permission. Elles débarquent comme une exclamation dans un monde trop poli, trop lisse, trop résigné. “Sucker” de Kelsie Kimberlin est de celles-là. Un titre pop accroché à l’épiderme, avec juste ce qu’il faut d’ironie et de tendresse amère pour nous faire sentir que derrière la brillance du refrain se cache une vraie morsure.
Dans le clip tourné à Kyiv, ville où chaque immeuble semble garder la mémoire des luttes passées, Kelsie installe sa mise en scène dans une pièce blanche traversée de silence et de fantômes. Des instruments sont posés là, comme des confidents, comme des armes. Elle les saisit l’un après l’autre, sans jamais s’y attarder vraiment. Ce n’est pas la musique qu’elle cherche, c’est une échappée. Une échappée de ce boy trop parfait, trop manipulateur, trop déjà-vu.
Elle se filme elle-même. Pas pour se montrer. Mais pour se retrouver. Ce n’est pas une héroïne de clip — c’est une femme qui refuse de s’éteindre. Le regard caméra, souvent frontal, devient le véritable protagoniste : c’est l’œil qui juge, qui doute, qui s’affirme. On n’est pas dans une déclaration de guerre, mais dans une déclaration de soi. Et c’est peut-être encore plus puissant.
Il y a chez Kimberlin ce don rare de transformer le personnel en universel, de faire d’un chagrin une matière politique et d’une désillusion amoureuse un manifeste d’émancipation. Elle ne crie pas, elle ne s’effondre pas. Elle incarne, avec une élégance désarmante, le moment précis où l’on comprend qu’on ne sera plus jamais la même personne. “Sucker” n’est pas juste une chanson, c’est un pivot. Une mue. Une gifle douce à la pop doudou et à ses récits de princesses en attente. Kelsie n’attend plus rien. Elle avance.
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