Ça commence comme un rite. Une wah-wah rampante, sale comme un souvenir de guerre dans les marécages. Puis le feu prend. Blood Divine, deuxième éclat arraché à l’odyssée solo A Cosmic Year, est le genre de titre qui invoque les fantômes des seventies et les fait danser torse nu sous une boule à facettes rouillée. Avec ce single, Matt C. White ne cherche pas à flatter l’époque — il la transperce à coups de riffs hirsutes, de pulsations tribales et de visions psychotropes où se croisent Santana, Soundgarden, Ty Segall et une pincée de doom vaudou.
Fuzz saturée, chant incantatoire, batterie martiale : Blood Divine s’écoute comme on entre en transe. Pas besoin de rituel compliqué. Il suffit de lâcher prise, de suivre la basse comme un fil d’Ariane dans une jungle sonore où chaque détour peut cacher un solo vorace ou une nappe de synthé venue d’un autre plan astral. White ne pastiche pas, il canalise. Il convoque le sang comme élément fondateur, matière première des guerres anciennes et des quêtes modernes, énergie brute qu’on se vole, qu’on partage ou qu’on sanctifie.
En filigrane, l’artiste texan exilé à Brooklyn livre une méditation lourde de sens sur les conflits primordiaux : survivre, dévorer, transmettre. Comme si la musique devenait langage archaïque, transmission organique de la rage ancestrale et du besoin d’évasion.
Blood Divine est à la fois trip et uppercut, groove et grondement. C’est du stoner qui pense, de la poésie qui hurle. Et si ce n’est que le deuxième morceau de l’album à venir, A Cosmic Year s’annonce déjà comme une carte du ciel déglinguée, dessinée à l’encre noire et aux larsens.
À écouter fort, à jeun ou pas, mais toujours avec l’âme prête à saigner.
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