On n’écoute pas cette chanson. On y retourne.
Comme à l’époque où les voitures sentaient encore le cuir brûlé, où la radio grésillait dans la nuit texane et où deux frères, assis côte à côte, rêvaient en boucle dans le même magnétisme FM. We Listened to the Radio, c’est la bande-son d’un lien qui se réinvente après vingt-cinq ans de silence — pas pour briller, mais pour guérir. Pas pour séduire des foules, mais pour murmurer à l’enfance ce qu’elle n’a jamais cessé d’attendre.
Le timbre de Salim, grave et posé, croise la ligne claire de Faris, qui plane toujours quelque part entre une mélancolie british à la Belle and Sebastian et les harmonies en technicolor d’un Paul McCartney oublié. Le morceau n’est pas là pour bousculer la table du rock indé, mais pour caresser ses souvenirs. On y entend l’écho des disques passés, des mots non dits, de la tendresse distillée dans les refrains qui n’ont jamais eu le temps d’arriver.
Ce n’est pas une reformation, c’est une réconciliation. Un son doux-amer, bourré de silences anciens et de regards neufs. L’intimité est palpable, l’écriture presque pudique. Une guitare modeste, une batterie retenue, et cette impression étrange que même l’air autour d’eux se retient de respirer trop fort.
Il n’est pas question ici de revival opportuniste. Les Nourallah Brothers n’ont jamais été des rockstars, mais ils n’en ont jamais eu besoin. Ce qu’ils construisent ici, c’est un petit monument fragile au pouvoir de la mémoire et à la grâce d’un moment partagé. Ce n’est pas un retour, c’est une confession.
Un seul morceau, et l’impression de réentendre ce que la musique peut encore faire : réunir, révéler, réanimer. C’est à ça que ça sert, un poste de radio, non ?
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