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Music Pop

Mortal Prophets et Anaïs de Nerval nous balancent une bombe avec « French Summer »

Mortal Prophets et Anaïs de Nerval nous balancent une bombe avec « French Summer »
  • Publishedmai 30, 2025

Imaginez un été qui n’aurait jamais fini. Un été filmé en 16 mm, où la lumière coule en sépia sur les carrosseries décapotables et les verres de rosé tiède. Un été qui sentirait la peau salée, le cuir chaud et la nostalgie chic. Voilà l’odeur sonore de French Summer, l’album le plus sensuel, le plus spectral – et sans doute le plus abouti – de John Beckmann, alias Mortal Prophets, en sublime compagnie de l’insaisissable Anaïs de Nerval.

Dès « Romp in D Minor – Intro », on entre dans une dimension trouble, comme un prélude chuchoté à l’arrière d’un cabriolet roulant vers Monaco. Puis « Monaco Rendez-Vous » impose son tempo caressant : beat moiré, synthés analogiques, guitare parfumée à la Riviera. C’est Gainsbourg sous Xanax. « Bling », lui, balance comme une soirée trop arrosée à Cannes, tout en dorures et en vertige, tandis que « Sun Seekers » dilate le temps dans un soupir de cordes synthétiques.

Le cœur de l’album palpite dans « French Summer », morceau-titre, volupté absolue, où Anaïs de Nerval plane, irréelle, sur les ondes comme une sirène contemporaine de Françoise Hardy. À peine remis, « Mushrooms » vient nous faire tituber dans un trip à la fois moite et magique. « Boss A Nova » n’a rien de brésilien mais tout d’un groove nocturne déstructuré, et « Saint Tropez Tan » évoque la langueur d’un après-midi trop long, trop beau.

« Lost Halo » et « Sommeil » forment une paire d’ombres portées, quasi liturgiques, avant la décadence comique de « Bed, Bad, and Beyond », petite merveille dada qui évoque un Philippe Katerine en villégiature chez David Lynch. « Tout A Moi » est un climax d’obsession douce, « What’s Your Name », un interlude de drague désabusée dans un night-club en plastique, et « Monstre Doux », sans doute la pièce la plus déchirante, une berceuse au bord de l’abîme.

Et puis il y a « Hand In My Pants » : titre punk-chic qui aurait pu être vulgaire, mais qui parvient à la grâce à force d’ironie élégante. Le final, « Cinematic Romp – Outro », boucle la boucle dans un fondu au noir digne d’un Godard amoureux.

French Summer, c’est un disque rare, une bande-son pour souvenirs imaginaires, une virée dans un rêve européen déconstruit, bercé par les chuchotements d’une muse spectrale. Anaïs de Nerval ne chante pas, elle ensorcelle. Beckmann, lui, prouve qu’il sait contenir ses fièvres pour en faire de l’or liquide.

À écouter en décapotable, évidemment. De préférence à 3h du matin. Sur la corniche.

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Written By
Extravafrench

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