Ari Joshua ne sort pas un morceau, il déclenche un phénomène. Avec “Reversible Submersible”, il convoque deux esprits libres parmi les plus influents du groove expérimental américain : John Medeski et Billy Martin. Cette rencontre rare et précieuse, capturée en studio, a tout du rituel chamanique sous acide. Ici, les codes explosent, les genres s’effacent, et la musique devient un courant invisible, à la fois dense et liquide.
Il y a quelque chose d’aquatique dans cette composition, comme si chaque note remontait lentement des abysses. La guitare d’Ari Joshua, tantôt rêveuse, tantôt tranchante, se frotte aux nappes d’orgue hallucinées de Medeski, pendant que les polyrythmies organiques de Martin s’impriment sous la peau, comme le ressac d’une mer étrange. La basse de Jason Fraticelli, ligne de flottaison subtile, maintient ce vaisseau sonore dans un équilibre instable mais enivrant.
Enregistré entre Applehead Studios et London Bridge Studios, puis magnifié par le mastering de Joe Lambert, le morceau ne choisit jamais entre jazz, funk, rock psyché ou bande-son imaginaire. Il prend tout, digère tout, et en ressort un paysage sonore qui évoque autant les virées de Khruangbin que les éclats lunaires de Bill Frisell ou les spirales cosmiques de The Comet Is Coming.
Reversible Submersible n’a rien d’un single anecdotique. C’est une plongée en eau profonde, où les silences sont des cavernes, les claviers des méduses électriques, et la guitare une torche guidant vers l’inconnu. On en ressort troublé, un peu hagard, mais étrangement apaisé.
Un ovni musical à écouter seul, la nuit, casque vissé aux oreilles, prêt à se laisser aspirer par les courants secrets.
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