Il existe des morceaux qui ne se contentent pas de résonner dans les oreilles. Ils s’attardent, se déposent, glissent jusqu’aux souvenirs que l’on croyait enfouis. Home version Rushkeys, c’est exactement ça : un point de jonction entre deux histoires, deux sensibilités, deux géographies musicales. Et un même besoin viscéral de trouver refuge – par le son, par le corps, par la mémoire.
Ablozé, compositeur exilé de Damas et aujourd’hui installé en France, avait déjà insufflé à la version originale un souffle profondément intime, entre rythmes électroniques nés au Caire et mélodies égrenées comme un fil d’Ariane entre deux continents. Une œuvre pleine de rémanence, écrite comme on tient un journal à la lueur d’un écran d’aéroport, la gorge serrée.
Rushkeys, lui, vient du Nord. Vilnius, plus précisément. Là où les hivers sont longs et le silence parfois assourdissant. Il transforme Home sans le dénaturer. Il l’écoute d’abord, le respecte, puis l’habille de ses textures organiques, d’Aerophones suspendus comme des prières dans l’air, de field recordings en sourdine, d’un beat presque chuchoté. Rien ne déborde. Tout vibre. À peine. Juste ce qu’il faut pour donner au morceau cette impression troublante d’apesanteur mélancolique.
Le remix ne cherche pas l’effet, il creuse. Il invite à la contemplation, au ralentissement. C’est un morceau pour les départs à l’aube, les trajets silencieux, les retrouvailles attendues ou manquées. À la manière de Bonobo ou Parra for Cuva, Rushkeys ne produit pas une “track” mais un lieu. Un refuge fragile, éphémère, mais absolument réel.
En cette époque saturée d’images, Home (Remix) agit comme un contretemps nécessaire. Il ne raconte pas l’exil, il l’incarne. Il ne crie pas la douleur, il la murmure. Et dans ce murmure, il laisse à chacun la place pour y projeter ses propres errances.
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