À première vue, Hartlesspool pourrait passer pour une énième décharge post-adolescente sur les charmes érodés d’une ville moyenne britannique. Mais il ne faut pas plus de trois secondes – un riff râpeux, une batterie qui cogne comme un cœur en colère – pour comprendre que Lurcher n’écrit pas ici un simple adieu nostalgique à Hartlepool. Ils l’incinèrent. À mains nues, avec amour, rage, et surtout, une lucidité qui fait plus mal que n’importe quelle distorsion.
Sous ses dehors de punk abrasif – martelé, rapide, sans détour – le morceau est une fresque de désillusion. Une lettre ouverte sans politesse, un cri muet lancé à travers les routes fraîchement resurfacées d’un territoire qui n’a plus d’âme. “Where’s my Pools?” répètent-ils, comme on répète un nom qu’on ne reconnaît plus. La ville a perdu sa chaleur, sa chair, son foutu cœur. Et Lurcher, eux, s’échinent à en retrouver les contours dans un déluge électrique.
La production est tout sauf décorative : c’est un barrage, un chaos contrôlé, un équilibre étrange entre la fureur et les petits moments de groove qui surgissent comme des souvenirs flous au détour d’un carrefour. Le morceau tangue, trébuche, mais ne cède jamais. Il illustre exactement ce qu’il raconte : la perte de repères, le deuil d’une époque où les clés étaient sous le paillasson, où les lieux avaient une mémoire, une voix.
Dans un monde qui resurface l’asphalte en ignorant les fondations qui s’effondrent, Hartlesspool est une prise de parole vitale. Lurcher ne prétend pas avoir les réponses, mais leur colère est une question qu’on ne peut plus ignorer. Un titre coup-de-poing, viscéral, poignant, qui fait rimer punk et poésie urbaine.
Pour découvrir plus de nouveautés ROCK n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAROCK ci-dessous :
