Parfois, ce n’est pas la chanson qui commence, mais le silence juste avant. Celui qui s’installe dans la pièce, comme si l’air s’amincissait doucement pour faire place à quelque chose de fragile. Pink Light, c’est exactement ça. Un instant en sursis, un moment qui ne cherche pas à convaincre mais simplement à exister.
Le groupe new-yorkais Two Dark Birds, emmené par l’insaisissable Steve Koester, livre ici un morceau qui semble s’échapper d’un rêve interrompu. Guitares en apesanteur, synthés liquides, batterie qui bat au ralenti comme un cœur après l’effort. Il y a dans Pink Light une élégance hors du temps, une tendresse presque effacée, à la façon d’un souvenir qui refuse de se laisser oublier.
On pense à Nick Drake, s’il avait grandi dans les montagnes embrumées de Woodstock avec un Moog sous les doigts. À la poésie elliptique des Cocteau Twins, à la nonchalance nerveuse des Talking Heads. Mais ici, tout est digéré, transformé, intégré. Pink Light ne copie rien. Elle suggère. Elle fait signe, sans jamais expliquer.
L’écriture s’attarde sur cette frontière floue entre le quotidien et l’infini. Ce moment précis où le rayon rose du soleil, traversant une vitre poussiéreuse, vient soudain révéler quelque chose de bien plus grand. La chanson ne s’impose pas : elle glisse, elle flotte. Et ce n’est pas un hasard si elle ne figure pas sur l’album à venir — elle ne pouvait appartenir à rien. Elle est à part. Comme ces jours d’hiver où l’on croit sentir l’odeur de l’été.
Pink Light est une parenthèse. Une faille. Une offrande. Un de ces morceaux discrets mais entêtants, qui s’impriment au fond des os et qu’on réécoute sans trop savoir pourquoi — peut-être juste pour retrouver cette lumière-là. Celle qui nous traverse sans prévenir.
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