Avec Hold Up the Lighter, le mystérieux duo masqué Bad Flamingo continue d’envoûter les déserts sonores qu’il a lui-même façonnés — quelque part entre spaghetti-western spectral, indie rock feutré et pulsations modernes trempées dans la poussière. Cette chanson, c’est un ralenti existentiel sous les néons grillés d’un motel oublié, un moment suspendu où la flamme d’un briquet devient acte de foi, de rébellion ou de tendresse. Selon ce qu’on y projette.
Ce qui frappe d’abord, c’est l’économie de moyens. Une guitare lancinante qui claque comme une porte de saloon en fin de nuit, des percussions discrètes mais lourdes de tension, et cette voix, ou plutôt ces deux voix, toujours à la frontière entre sensualité désabusée et menace voilée. Bad Flamingo ne s’adresse jamais frontalement à son auditeur : il le fixe du coin de l’œil, joue avec le silence, murmure plus qu’il ne chante. Et ça fonctionne, toujours.
Le morceau évolue dans une brume maîtrisée, à la fois minimaliste et cinématographique. Chaque note semble servir une narration invisible, comme si Hold Up the Lighter était le générique d’ouverture d’un road movie qu’on n’a pas encore vu, mais dont on ressent déjà la poussière, les non-dits, les cicatrices. Il y a du True Detective, du Tarantino post-country, du rock habité mais retenu.
On pense à des échos de The Kills, de Mazzy Star, de Timber Timbre, mais Bad Flamingo a son territoire bien à lui — cabossé, séduisant, tendu. Hold Up the Lighter, c’est un appel à la lumière dans un monde terne. Ou une menace douce dans un monde en feu.
Une chose est sûre : on tend l’oreille… et on rallume la flamme.
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