Pas besoin de hurler pour résister. Speechless, le premier single de Jakub Chmelar, est une explosion muette, une détonation intérieure. Là où d’autres entrent en scène avec effets de manche, lui surgit dans une vérité brute — celle d’un queer qui a longtemps dû s’inventer des silences pour survivre.
Né en Tchéquie, formé au théâtre, affiné par l’exil au Moyen-Orient, Jakub transforme son histoire intime en un manifeste doux-amer. Pas de slogans ici, mais une onde mélodique nourrie de douleur contenue et de rage douce. Ce n’est pas un hymne dans le sens classique : c’est un murmure devenu cri, une page arrachée à un journal interdit.
La production est minimaliste, les arrangements retenus, comme s’il fallait laisser le texte respirer. Jakub ne cherche pas l’effet. Il chante avec la voix de quelqu’un qui a longtemps été obligé de se taire — et qui, désormais, ne demande pas la permission. Le morceau fait penser à une rencontre improbable entre Troye Sivan et Anohni, passée au filtre de Londres la libératrice. On y sent l’écho des clubs sombres et des chambres closes, des frontières floues entre genres et pays, des désirs contenus et des identités fragmentées.
Mais Speechless n’est pas un repli : c’est une sortie. La musique comme territoire reconquis. L’image comme seconde peau. Le clip, réalisé par Jay Nagjee, prolonge cette quête : une caméra fluide, un esthétisme queer assumé, une mise en lumière de ce qui fut longtemps dans l’ombre. Jakub y apparaît comme un corps politique, poétique, vulnérable et fier. C’est l’histoire d’un super-héros qui ne vole pas, mais qui reste debout — et c’est déjà immense.
En ce mois de la Pride, Speechless n’est pas une simple chanson à glisser entre deux tubes queer friendly. C’est une offrande, une déclaration, une mise à nu. Une chanson pour celles et ceux qui n’ont pas encore trouvé les mots. Et un rappel : être visible, c’est parfois l’acte le plus radical.
Pour découvrir plus de nouveautés POP, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAPOP ci-dessous :
