Rosetta West ne fait pas dans le convenu. Et ce nouveau clip, Dora Lee (Gravity), confirme que le groupe culte de Chicago continue, trois décennies après ses débuts, à marcher à rebours de toutes les tendances. Ici, pas de storytelling formaté ni de réalisme tiède. On est face à un court-métrage mystico-psychédélique où un tankiste en uniforme semble perdre pied sous l’assaut visuel de déesses païennes — Ishtar, Hecate, Kali… autant d’avatars féminins qui, dans leur fusion guerrière et surnaturelle, viennent bousculer l’ordre viril et mécanique d’un monde en guerre avec lui-même.
La musique, elle, cogne comme un appel à l’exorcisme. Un hard blues abrasif, tendu, sale, mais magnifiquement habité. Joseph Demagore, voix caverneuse et guitare en feu, tient la baraque comme un prêcheur halluciné, flanqué de Herf Guderian à la basse grondante et de Mike Weaver à la batterie — solide comme un chœur de tambours en transe. Ce trio invoque les esprits du blues électrique, mais aussi ceux d’un psychédélisme visionnaire à la Captain Beefheart ou The Doors, passé à la moulinette post-industrielle du Midwest.
Le clip, hypnotique, est à l’image du morceau : chargé d’ambiguïtés, d’énergie brute et de références ésotériques. La caméra glisse, vacille, semble elle aussi prise dans une tempête symbolique. Rien n’est didactique, tout est suggestion. Comme souvent chez Rosetta West, on ne regarde pas Dora Lee (Gravity), on le traverse — un peu comme une séance de possession filmée en direct depuis un studio hanté.
C’est sauvage, c’est fou, c’est parfaitement à l’écart de ce que propose la scène actuelle — et c’est ce qui le rend essentiel.
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