Ce n’est pas une chanson, c’est une route. Une de ces longues lignes poussiéreuses qu’on imagine au crépuscule, dans un western post-apocalyptique où les chevaux sont remplacés par des guitares pleines de réverbération et les cowboys par des amoureux cabossés. Avec Dark Sun Rising, 3 Pairs of Boots – le duo californien formé par Laura Arias et Andrew Stern – livre peut-être son titre le plus spectral à ce jour : un morceau suspendu entre l’Americana solaire de leurs débuts et une noirceur crépusculaire, plus lente, plus grave, presque cinématographique.
Laura Arias, dont la voix semble sortir d’un rêve où Stevie Nicks aurait fricoté avec Hope Sandoval, porte ce morceau avec un mélange rare de fragilité et de détermination. Elle ne chante pas, elle invoque. Face à elle, les guitares de Stern tracent des paysages brumeux : nappes d’accords usés, slide fantomatique, touches de blues fondus dans la brume d’un matin sans soleil. Le morceau avance sans précipitation, comme si chaque seconde comptait, comme si l’histoire racontée ne tolérait ni raccourci ni cliché.
C’est là que le duo se démarque : Dark Sun Rising parle d’une fin – peut-être d’un amour, d’un monde, ou des illusions qu’on enterre à deux – mais refuse la grandiloquence. Au lieu de cela, 3 Pairs of Boots choisit la retenue, la nuance, le détail qui fait frissonner. Un break discret. Un silence. Un soupir dans la voix. Rien de spectaculaire, tout dans l’intime.
On sent que quelque chose a changé chez eux depuis Gone South ou même Boot Scootin. Plus d’élégance, moins d’ornement. Comme si la musique avait cessé de chercher un genre et s’était contentée d’être sincère. Et c’est là toute la beauté de Dark Sun Rising : ce n’est pas une évolution, c’est une épure.
Sous ce soleil noir, Arias et Stern continuent de tracer leur sillon singulier. À l’écart des modes. Mais plus proches que jamais de l’essentiel.
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