On ne s’attendait pas à être autant chaviré par trois titres. Et pourtant. Blue, premier EP du duo MiRET&OCHOA, ne ressemble pas à une carte de visite : c’est une offrande. Une déclaration d’intention qui, sans hausser la voix, touche à une forme d’épure rare. L’un vient de la scène électronique downtempo, héritier discret des nuits de Barcelone. L’autre façonne des paysages intérieurs avec un piano préparé qui bruisse, grince, respire presque. Ensemble, ils ne fusionnent pas : ils dialoguent. Avec patience. Avec soin.
Il suffit d’un battement de cœur ralenti pour entrer dans Mellow, morceau d’ouverture aussi contemplatif qu’un lever de soleil au ralenti. Tout y est suspendu, flottant, comme si chaque note hésitait à exister trop fort. Puis The Blue Arp déploie ses nappes ondulantes, synthétiques mais jamais froides, à la manière d’un Stimming sous morphine, pendant qu’Ochoa convoque les fantômes d’un Erik Satie modernisé. C’est à la fois organique et cérébral, tactile et distant.
Mais c’est Broken qui renverse le jeu. À contre-pied, le morceau embrasse un breakbeat discret à 120 BPM qui donne du corps sans briser l’élan contemplatif. Le piano y devient une rivière nerveuse, tandis que les textures analogiques déversent une nostalgie brumeuse. On pense à Aphex Twin en cure zen, à la bande-son d’un amour impossible dans un film de Wim Wenders.
Avec Blue, MiRET et Ochoa signent une œuvre en apesanteur, entre musique de chambre et club secret à l’aube. Une forme d’ambient qui assume ses racines méditerranéennes tout en murmurant à l’oreille de Brian Eno. Ce n’est pas un disque à écouter, c’est un disque à habiter.
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