Oubliez la techno fonctionnelle, les structures club en 4/4, la narration linéaire. Avec body.404, DARYNKA livre une œuvre aussi insaisissable que son propre parcours, fragmentée comme un rêve digital où l’on navigue à tâtons, entre les pixels d’une chair fantôme. Loin des stéréotypes de l’électro mainstream, la productrice ukrainienne explore une zone floue entre art sonore, fiction émotionnelle et architecture sensorielle. Un manifeste de l’ère post-humaine, écrit à même la peau glitchée de notre époque.
Chaque piste de cet EP est une variation sur le même fantôme : le corps, ou plutôt ses résidus, ses échos, ses tentatives d’exister dans un monde sans friction, sans contact. Uploaded Body ouvre le bal dans un souffle froid, comme si une mémoire tentait de se reconstituer après un crash. C’est fragile, traversé de silences, saturé de textures abrasives qui frôlent le noise sans jamais y plonger totalement. Une sorte de Berghain sous perfusion d’ambient industrielle.
Vient ensuite Sensual Body, faux morceau sensuel, vrai labyrinthe tactile où la voix de DARYNKA — intime, susurrée, parfois presque effacée — fait corps avec des beats cassés, des pads liquides, des respirations suspendues. Extended Body joue la distorsion douce, mêlant errance synthétique et tension diffuse, comme un appel à une extase impossible. Enfin, Real Body clôt ce rituel numérique dans un calme presque religieux, mais toujours hanté : la mélodie y est ténue, presque absente, remplacée par des sensations pures, des scintillements, une beauté clinique.
C’est une topographie émotionnelle. Une tentative d’écrire avec des sons ce que le langage ne sait plus dire. Une œuvre pensée comme une installation sonore autant qu’un EP, à mi-chemin entre l’avant-garde de PAN, la sensibilité radicale d’Arca, et la brutalité affective d’un Aïsha Devi.
Avec body.404, DARYNKA ne cherche pas à séduire. Elle déplie, dissèque, suggère. Elle parle aux solitudes connectées, aux corps absents, aux âmes à la dérive dans l’infra-monde digital. Une artiste en mouvement perpétuel, comme sa musique : insaisissable, viscérale, indispensable.
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