Il arrive parfois que les albums les plus courts soient ceux qui marquent le plus profondément. Equinox, nouvel EP de Common Saints, en à peine plus de 14 minutes, bouleverse avec une grâce suspendue, comme un rêve que l’on croit avoir inventé au réveil. Charlie J Perry, longtemps artisan de l’ombre pour d’autres (Jorja Smith, BTS, Olivia Dean), livre ici son manifeste personnel. Un disque comme un seuil franchi, une mue sonore où les éléments se réconcilient : la nuit et l’aurore, la perte et la plénitude, le spirituel et la chair.
Les cinq titres de l’EP tracent une ascension intérieure. Firebird, en ouverture, a des ailes de phénix et la chaleur d’un groove solaire. C’est une cavalcade légère, irradiée de synthés qui scintillent comme des braises en suspension. Vient ensuite Honey, douceur en clair-obscur, où la voix de Perry semble flotter dans un bain d’âme 70’s, sensuelle mais pudique, à la frontière de l’extase et de la fragilité.
Le titre éponyme Equinox est le cœur battant du projet. Une méditation en apesanteur, oscillant entre spleen et apaisement, comme si Air s’était laissé guider par les fantômes de Nick Drake. Electricity bouscule l’atmosphère avec son énergie saccadée, presque funky, où les machines semblent respirer. Puis vient Supernova, final cosmique, flamboyant, où tout explose dans un ralenti céleste, une transe douce et fiévreuse.
Il y a ici quelque chose de profondément organique malgré les textures électroniques. Perry y sculpte le deuil comme on peindrait un vitrail : en laissant passer la lumière à travers les blessures. Loin d’un repli mélancolique, Equinox est un disque qui embrasse l’impermanence. Qui dit : « voici ce que je perds, voici ce que je deviens ».
Et si Common Saints n’était pas seulement un pseudonyme mais une proposition d’écoute : celle de trouver, dans les silences partagés et les harmonies suspendues, une forme de rédemption.
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