Il y a dans “To What Degree” ce quelque chose de lascif et de lucide qui ne s’apprend pas — ça se vit. David Pilgrim, multi-instrumentiste brooklyno-barbadien et vétéran du songwriting discret mais dense, signe ici un morceau qui marche sur un fil tendu entre apesanteur soul et gravité existentielle. Trois nuits de création intense, une ligne de basse qui serpente comme une mémoire trouble, et une rythmique aux accents afrobeats qui rebondit avec une élégance retenue.
La voix de Pilgrim, enregistrée assis, presque chuchotée, donne au titre une vulnérabilité immédiate. C’est l’histoire d’un cœur cabossé, mal éduqué à l’amour, qui tente de retrouver du sens dans les silences, les doutes, les demi-teintes. À ses côtés, la voix de Maritri (du collectif Soulfolk Experience) vient injecter une chaleur vocale quasi maternelle, contrepoint subtil à la solitude douce-amère du texte.
Le morceau ne cherche jamais l’esbroufe. Il avance doucement, comme quelqu’un qui marche pieds nus sur un sol chaud. Chaque élément, des guitares sèches aux chœurs discrets, sonne juste — sans artifice, mais avec une maîtrise impressionnante de l’espace sonore. On pense à Alex Cuba, à Capim, à ces musiques du monde où la simplicité cache une profondeur troublante.
“To What Degree” est un titre à double fond : un appel à danser sur les blessures, une chanson de rupture qui sonne comme une réconciliation. Ce n’est pas seulement une réussite formelle — c’est une déclaration de principes d’un artiste qui connaît ses failles et en fait une force tranquille.
Un bijou d’honnêteté et de groove suspendu.
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