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Andrea Zacchia convoque les souvenirs rêvés dans un un voyage jazz nommé Anemoia

Andrea Zacchia convoque les souvenirs rêvés dans un un voyage jazz nommé Anemoia
  • Publishedjuin 27, 2025

Certains albums ne se contentent pas de se jouer. Ils se traversent, comme on traverse un paysage ancien dont on aurait jadis rêvé sans l’avoir jamais vu. Anemoia, le deuxième opus du guitariste italien Andrea Zacchia, est de ceux-là : une cartographie sonore de la nostalgie fictive, un disque suspendu entre le souvenir et l’invention, entre les lumières du passé et la brume des possibles.

Derrière ce mot inventé – anemoia, né de l’union du vent (ánemos) et de l’esprit (nóos) – se cache une idée toute simple et pourtant abyssale : la saudade d’un temps que l’on n’a pas vécu. Andrea Zacchia le traduit par la chaleur douce d’un coucher de soleil vu d’un champ isolé, par l’écho lointain d’un riff de rock adolescent dans un garage perdu, par l’odeur du bois des premiers studios de fortune.

Avec son trio organique – Pietro Caroleo à l’orgue Hammond et Maurizio De Angelis à la batterie – Zacchia signe un album à la fois charnel et éthéré. Loin des fioritures, Anemoia s’ancre dans l’épaisseur du groove, dans les conversations feutrées entre les instruments, dans une pulsation qui mêle la délicatesse du modal jazz à la tension latente du post-bop. La guitare, lyrique sans jamais tomber dans le lyrisme, vient percer la toile comme une voix intérieure.

Les morceaux, qu’ils soient compositions originales (Reveries, Abendrot, Zefiro) ou hommages à des géants du genre (Oleo de Sonny Rollins, Full House de Wes Montgomery, Groove Yard de Carl Perkins), s’enchaînent comme les chapitres d’un roman sans chronologie, où chaque note semble éclairer un souvenir jamais vécu. Mention spéciale à Longato, véritable madeleine électrique, qui mêle l’énergie brute du rock à l’élégance contemplative du jazz pour revisiter les racines rurales de l’artiste avec une sincérité rare.

Enregistré dans l’écrin du Fusion Music Studio sous les doigts experts de Federico Palmieri, Anemoia ne se contente pas de faire dialoguer les époques : il les entremêle dans un présent suspendu. À l’heure où la production jazz peut parfois céder à la démonstration ou au pastiche, Andrea Zacchia choisit l’émotion, la fluidité, l’humanité. Il ne ressuscite pas le passé, il l’imagine. Et dans cette imagination, nous retrouvons tous quelque chose de nous.

Un disque à écouter les yeux fermés, la tête ailleurs, là où souffle le vent.

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Written By
Extravafrench

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