Imaginez une boule à facettes suspendue au plafond d’un bunker. Des corps en sueur qui dansent sous des sirènes d’alerte. Une voix qui murmure “No Tomorrow” alors que les synthés pleurent sur une ligne de basse aux accents dystopiques. Bienvenue dans le monde de M4TR, alias Music 4 The Revolution, projet caméléon d’AJ Solaris, qui signe ici avec Love Is The Revolution son troisième album studio — le plus ambitieux, le plus romanesque, et peut-être le plus humain de tous.
Après deux opus ancrés dans une esthétique protestataire, Solaris renverse la vapeur : ici, ce n’est plus la rage qui guide la création, mais l’amour. Pas l’amour doux et lisse des comédies romantiques, non. Un amour tentaculaire, imprévisible, fragmenté — un chaos sublime, traversé de flashbacks sentimentaux (“Life Without Her”), de frissons clubbing (“Hooks”), d’appels de sirène (“Siren Song”) et d’un combat intérieur sur fond de darkwave clinique (“Kill The Self”).
Loin de verser dans le collage rétro gratuit, Solaris réactive les fantômes de Duran Duran, Depeche Mode ou Peter Gabriel pour leur injecter une urgence contemporaine. Les sons sentent la bande magnétique chauffée à blanc, les refrains s’ouvrent comme des lucarnes sur des souvenirs déformés, et les beats claquent comme des slogans post-romantiques. Chaque titre est un chapitre — de la ferveur collective de “Let Love Turn This World Around” à la pulsation élégiaque de “Polaris”, en passant par l’électrochoc hédoniste de “Coup de Grâce”.
Plus qu’un disque, Love Is The Revolution est un manifeste habité, quelque part entre Berlin 1983, une rave ibizienne fantasmée, et un message secret planqué dans un vieux Walkman. Une ode à l’amour comme ultime résistance face à l’effondrement — fragile, fluide, invaincu. Solaris ne chante pas pour danser, il danse pour survivre. Et on le suit, les yeux fermés.
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