Elle ne prévient pas, Ula. Elle arrive comme un bug dans une boucle parfaitement huilée, une silhouette en latex pastel et bottes crottées, une stylophone vissée au cœur et un sourire fêlé. So Kind, premier extrait de son EP autoproduit boysulk, n’est pas simplement une entrée en matière : c’est une révérence ironique, une poignée de main tendue avec une lame cachée dans la manche. Un titre comme une gifle douce dans un bain de sucre acide.
Ancienne tête pensante du projet prog-pop Tenacity, passée par les couloirs du BRIT School et les caves moites des scènes londoniennes, Ula n’est pas une débutante. Mais elle choisit ici de tout réécrire. Elle laisse derrière elle les structures polies et convoque des basses grasses, des machines névrotiques, et des mélodies qui suintent l’obsession avec une élégance désarmante. On pense à Allie X, à St. Vincent sous anxiolytiques, à un générique de série dystopique croisé avec une pub pour taille-haies vintage. Et ce n’est pas une métaphore gratuite : dans le clip, elle tond littéralement une pelouse en robe de soirée, glamour et désaxée, comme si la suburbanité pouvait être un terrain de guerre mental.
La vraie réussite de So Kind, c’est cette tension entre la façade satinée et l’implosion intérieure. Ula maîtrise l’art du contraste — les refrains sont accrocheurs, les arrangements chirurgicalement instables, les sons oscillent entre la tendresse synthétique et la déflagration numérique. Tout est poli, mais rien n’est lisse. Même les silences suintent quelque chose de bizarrement menaçant.
Ce morceau ne cherche pas la séduction facile : il vous hypnotise par étrangeté, comme un regard trop long dans un miroir. Ula signe ici un manifeste déguisé en chanson pop. Un premier single qui plante un drapeau sur un territoire encore flou, instable, mais terriblement prometteur.
Quelque chose nous dit que ce n’est que le début. Et franchement, on en redemande.
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