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Music Rock

Tiny Moth sur Tiny Moth ou l’atterrissage incandescent d’un papillon aux ailes de plomb

Tiny Moth sur Tiny Moth ou l’atterrissage incandescent d’un papillon aux ailes de plomb
  • Publishedjuin 27, 2025

Il y a des projets qui se forment dans la solitude du chaos, entre l’ampli qui vrombit et le silence complice d’un animal. Tiny Moth, c’est l’histoire d’une guitare qui ronronne comme un félin sauvé, d’une rage canalisée dans le velours d’un chant bipolaire, d’une alchimie née d’un hasard humain. C’est aussi un disque court, mais dense, où chaque titre pèse comme une météorite dans la poussière du temps.

Derrière ce nom mystérieux et organique, se cache Doug Rimington, multi-instrumentiste londonien, et la voix caméléon de Jess Lambert, capable de transiter d’un souffle cristallin à une déferlante gutturale en un battement de cœur. En cinq titres, l’EP dévoile un monde où la délicatesse se crashe contre les murs d’un son massif, puis renaît dans les vapeurs de reverb.

« Look At Me » est une gifle d’ouverture. Le morceau marche à la lisière du metalcore et du rock alternatif avec une tension qui rappelle Spiritbox ou Oathbreaker. Jess y pose une voix qui ne supplie pas, elle exige. La production est brute, immédiate, presque claustrophobe. Le riff principal, lourd et rampant, s’accroche à la moelle.

« Break Down The Walls » enchaîne sans relâcher la pression, mais dans une tonalité plus mélodique. Le refrain s’élargit, s’ouvre comme un cri de guerre lumineux, un morceau qui aurait pu naître d’une jam entre Deftones et PVRIS dans une salle aux néons cassés. Lambert sculpte ici la colère comme une calligraphe, chaque intonation est millimétrée, chaque rupture est une vague calculée.

Puis vient « Your Rage », véritable pièce maîtresse vocale. C’est une descente dans l’intime, une confession déchiquetée où les couplets chantés flottent au-dessus de nappes distordues avant d’exploser en cris. On y entend le cri sourd d’une génération fatiguée d’encaisser, sans pour autant perdre sa douceur essentielle. Doug y maîtrise l’art du contraste : riffs tectoniques, nappes électroniques, textures crasseuses et synthétiques. Le morceau est à la fois viscéral et éthéré.

« Interlude », placé en quatrième position, agit comme une station-service dans une course-poursuite. Deux minutes d’hallucination instrumentale, créées presque exclusivement avec des pédales analogiques. On y sent l’héritage post-rock de groupes comme Mogwai ou Explosions in the Sky, dans une veine plus noise et introspective. C’est un souffle nécessaire, un ralentissement contrôlé avant la montée finale.

« Tiny Moth », enfin, clôt l’EP comme on clôt une lettre d’adieu. Six minutes bouleversantes qui synthétisent toute la tension contenue jusque-là. Ici, Doug prend le micro pour un dernier mot, un dernier cri, un dernier effleurement. Le titre évolue par couches, à la manière d’un paysage qui se transforme sous une tempête de fin du monde. C’est beau, c’est dur, c’est honnête. Le genre de morceau qui reste en suspension, même longtemps après la dernière note.

Tiny Moth n’est pas une carte de visite, c’est un uppercut poétique, une entrée fracassante dans une scène où la frontière entre sensibilité et brutalité est de plus en plus floue. C’est aussi une déclaration d’amour à la collaboration, à la spontanéité et au pouvoir du son lorsqu’il est tissé à quatre mains et porté par une voix capable de tout.

Une petite bestiole, peut-être. Mais déjà un monde.

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Written By
Extravafrench

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