Il y a quelque chose d’organique dans l’artificialité radicale de Aiknow. Comme si la techno avait retrouvé la forêt. Ou plutôt, comme si le bitume électronique de Hate Moss se fendait en racines tribales, en échos de rituels anciens qui résonnent sur les murs moites d’un club oublié entre deux mondes. Avec ce nouveau single tiré de leur EP Mercimek Days, le duo italo-brésilien prouve une fois de plus qu’il n’existe pas pour être rangé.
Ian (voix, batterie) et Tina (voix, machines) n’offrent pas un track, ils déclenchent une transe. Aiknow est une déflagration syncopée, un fragment de rave clandestine montée en liturgie synthétique. La voix, mi-priére, mi-invective, flotte comme un spectre numérisé dans un dédale de beats technoïdes et de textures métalliques. On pense à la fièvre rituelle de Shackleton, aux obsessions rythmiques d’Arca, à une version post-apocalyptique de Juçara Marçal passée à l’acide.
Mais ce qui fascine chez Hate Moss, c’est leur capacité à faire cohabiter l’avant-garde du club avec la mémoire collective. Dans cette techno dite « peak/driving », il y a des ombres : celles des musiques populaires brésiliennes, des songwriting contestataires italiens des années 70, comme des cris qui ne veulent pas mourir étouffés dans le vacarme algorithmique.
Aiknow n’est pas seulement un track pour danser, c’est un cri crypté, une tension vitale entre l’instinct et le béton. Un morceau qui rappelle que sous les kicks et les pulsations numériques, bat encore un cœur humain — tribal, décentré, sauvage. Hate Moss n’orne pas la scène électro, il la déchire et en recoud les morceaux à la main. Et si leur Aiknow est brutal, c’est aussi parce qu’il sait.
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