Et si le temps n’était plus une ligne droite mais une boucle nerveuse, une horloge fracturée où battent à la fois nos désirs, nos écrans et nos vertiges ? Avec Tempo, Lucy Dreams signe un retour qui dépasse le simple single. C’est une œuvre manifeste, un pouls en clair-obscur, une déclaration post-pop sur l’illusion du contrôle.
Toujours porté·e·s par leur énigmatique membre non-humain Lucy — intelligence artificielle et muse cybernétique — le trio viennois continue de tracer sa voie à la lisière de l’organique et du numérique. Leur esthétique, baptisée SonicWaveArtPop, prend ici une tournure quasi rituelle : chaque élément sonore semble ritualisé, pensé comme une articulation dans le grand squelette du temps. Les percussions s’érigent en totems : un tic, un snare, un mot. Le mot “Zeit” devient un coup de caisse claire, la langue elle-même devient rythme, métronome, matière.
Il y a dans Tempo une urgence paradoxale. Le morceau semble suspendu entre deux battements de cœur : une montée, une retenue. Les harmonies, aériennes et presque spectralement humaines, flottent au-dessus d’une production ciselée, tendue mais jamais agressive. On sent l’influence de Kraftwerk ou de Metronomy, mais filtrée à travers une sensibilité presque cinématographique. Et puis il y a ces mantras obsédants : “Zeit, veloce assai”, “I feel infinity creeping up on me” — des formules incantatoires pour un monde en saturation sensorielle.
Le clip en style bande dessinée ajoute une touche méta, comme si l’univers de Lucy Dreams se contemplait lui-même à travers une case de roman graphique. L’humour n’est jamais loin, mais il n’efface pas la mélancolie fondamentale de ce morceau : celle d’un présent trop rapide pour être vécu.
Après une tournée européenne remarquée, une apparition au Great Escape Festival et un passage remarqué dans plusieurs playlists éditoriales Spotify, Lucy Dreams confirme avec Tempo qu’il·elle·s ne sont pas un projet comme les autres. Ils ne surfent pas sur l’époque, ils la scannent, la remixent, et nous tendent le miroir.
Tempo ne se contente pas de battre : il parle. Et ce qu’il dit — c’est que même nos machines cherchent encore le rythme du cœur humain.
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