Il y a des chansons qui caressent et des chansons qui grattent. Best Friend de Freedom Fry fait les deux. À la première écoute, on se laisse happer par cette mélodie enrobée de sucre, presque naïve, avec ses guitares qui swinguent doucement et ces chœurs comme un voile de coton. On croit entendre une berceuse pop, un souvenir estival échappé d’un film de Wes Anderson. Mais très vite, un malaise s’installe. La chaleur vintage laisse percer une ombre. Cette ombre, c’est celle d’une amitié qui se déforme, d’une fidélité qui se mue en dépendance insidieuse. Chez Marie Seyrat et Bruce Driscoll, la ligne entre l’adoration et l’étouffement n’est jamais nette.
Le duo franco-américain a toujours aimé cultiver les paradoxes. Leur musique, déjà entendue dans The Morning Show ou sur des campagnes Dior, mélange le tendre et l’amer avec une précision d’orfèvre. Ici, ils poussent l’ambiguïté plus loin encore. La production est limpide, presque minimaliste : un groove hypnotique, une basse ronde qui rassure, un tempo nonchalant. Mais à mesure que les couches vocales s’accumulent, le titre devient une boucle obsessionnelle. On est à la fois charmé et mal à l’aise, comme prisonnier d’une relation trop fusionnelle.
Best Friend confirme le talent rare de Freedom Fry : écrire des pop songs à double fond. Des morceaux qui se fredonnent sans y penser, puis qui reviennent hanter l’esprit quand le silence retombe. Une esthétique faussement solaire qui cache une dissection froide des émotions humaines. Leur pop n’est pas juste belle, elle est perverse, et c’est précisément ce qui la rend inoubliable. Ici, aimer c’est consentir à être dévoré, avec le sourire.
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