Il y a des chansons qui ne se contentent pas de remplir l’air, elles l’occupent. You Gotta Know, nouveau chapitre du projet Collaborations piloté par Ed Daniels depuis Stratford, est de celles qui n’explosent pas comme des hits instantanés mais s’enracinent, lentement, profondément. Elles s’installent dans vos souvenirs comme une vieille photo retrouvée dans un grenier – une photo qui, étrangement, semble avoir toujours appartenu à votre histoire.
Ici, tout est organique. La basse chaude de Scott Spray (Grammy winner mais surtout alchimiste de groove), les guitares de Tim Dehuff qui oscillent entre caresses folk et élans rock, la batterie de Tom Naggy qui bat comme un cœur inquiet, et les chœurs de Devotion (Kevin Monroe & Simone Brown) qui surgissent comme un souffle d’espoir dans un monde épuisé. À la console, Vic Steffens façonne un son qui respire, qui laisse chaque instrument vivre, dialoguer, se taire quand il le faut.
Mais la vraie révélation, c’est Anais Preller. Sa voix, fragile et assurée à la fois, porte le morceau comme une prière profane. Elle évoque ces héroïnes des 70’s – Carly Simon, Karen Carpenter – mais avec une lucidité contemporaine, un timbre qui refuse la nostalgie facile. Car You Gotta Know n’est pas un exercice de style rétro : c’est un rappel que la musique peut encore avoir une âme, une rugosité, une chair.
Dans un monde qui pousse à la déconnexion de soi et des autres, la chanson propose un geste radical : ralentir, écouter, se souvenir. Elle ne donne pas de réponses toutes faites, mais tend un miroir. C’est un titre qui évoque les routes de campagne au crépuscule, les choix que l’on repousse, la colère douce qui sommeille en nous.
Collaborations, sous la houlette d’Ed Daniels, poursuit ici son entreprise quasi militante : défendre l’artisanat sonore, inviter des musiciens à se rencontrer, se confronter, tisser ensemble des fragments d’intime en musique. Après Songs of the Heart, You Gotta Know confirme que ce collectif n’est pas une curiosité nostalgique mais un laboratoire d’émotions brutes, un espace où la beauté se construit dans l’imperfection assumée.
Ce morceau n’est pas pour tout le monde, et c’est tant mieux. Il s’adresse à celles et ceux qui n’ont pas peur du silence entre deux notes, qui aiment entendre le bois vibrer, la peau des tambours frémir, la voix trembler légèrement. Ce sont ces détails, presque invisibles, qui font de You Gotta Know une expérience : un retour à la sincérité, rare et précieuse comme l’air après l’orage.
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