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“Lagoon” : St.Bedlam et DeliPres convoquent les fantômes d’un amour violent et sublime

“Lagoon” : St.Bedlam et DeliPres convoquent les fantômes d’un amour violent et sublime
  • Publishedjuillet 17, 2025

C’est une rencontre qui sent la poudre, le sang et l’encens. Dans Lagoon, St.Bedlam (TAS) et DeliPres (SYD) nous ouvrent la porte d’un motel mental où se rejoue chaque lundi une même scène : le fugitif et la grande prêtresse, deux âmes en ruine qui s’aiment, se déchirent, jouissent, puis recommencent. Ce single stand-alone, en ligne depuis le 11 juillet, n’est pas une chanson à consommer distraitement dans un trajet Uber. C’est un exorcisme, un orgasme, une claque.

La production de DeliPres est un monde en soi. Basse glitchée, percussions industrielles, textures sonores qui évoquent autant les paysages post-apocalyptiques que les nuits fiévreuses des clubs underground. Il ne s’agit pas de beats qui rassurent, mais de vibrations qui dérangent, qui hypnotisent. C’est une bande-son pour un rêve moite, presque dérangeant, où la réalité se mêle à l’imaginaire.

Dans cet univers sonore, St.Bedlam déploie toute sa complexité. Elle est l’outlaw en fuite et la grande prêtresse d’un temple intérieur, une figure féminine qui oscille entre rage et extase. Chaque mot, chaque respiration semble sortir des entrailles. Sa voix n’est pas là pour séduire : elle brûle, elle trouble, elle appelle à descendre dans ses abysses.

Le Lagoon dont il est question n’est pas un simple lieu : c’est une métaphore des eaux émotionnelles qui s’entrechoquent dans son esprit. Mais c’est aussi une évocation plus profonde, une connexion à la terre de ses ancêtres. Les échos du temple mégalithique de Hal-Saflieni, à Malte, résonnent dans sa vision. Un lieu de chants, de rituels et de sacrifices qui infuse sa musique d’une énergie ancestrale, presque mystique.

Cette spiritualité brute, loin des clichés new age, est l’ADN même de St.Bedlam. Avec Lagoon, elle tisse une toile où l’art devient exutoire, où la sensualité se mêle à la violence d’exister, où le féminin refuse les carcans qu’on veut lui imposer. Ce morceau annonce la couleur pour son EP à venir, Cactus Flow : un projet auto-produit qui s’annonce comme une redéfinition radicale du rôle des rappeuses dans le paysage australien.

Dans une scène hip-hop souvent trop sage, St.Bedlam incarne le chaos, la beauté et la dangerosité. Sur Instagram déjà, ses visuels, ses productions et ses œuvres graphiques tracent une esthétique hybride, entre rêve hallucinatoire et manifeste punk. Lagoon est l’étape suivante : un son qui électrifie, qui secoue, qui vous laisse haletant comme après une course à travers une ville en flammes.

Avec ce morceau, elle ne propose pas un simple divertissement. Elle tend un miroir. Et la question n’est pas de savoir si vous êtes prêt à écouter, mais si vous êtes prêt à plonger.

Written By
Extravafrench

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