Le premier son arrive comme une respiration dans le noir. On tend l’oreille. On devine un battement régulier, un écho lointain, une promesse murmurée à mi-voix. Shine ne commence pas. Il s’infiltre, prend la place du silence, comme si la pièce elle-même retenait son souffle.
Dans le morceau-titre, la voix d’Hadriaan est à la fois caresse et poids. Elle flotte au-dessus de nappes électroniques translucides, mais chaque mot pèse comme une pierre jetée dans l’eau calme. Les synthés montent en vagues lentes, la rythmique évoque le pas d’un marcheur qui avance, tête baissée, à travers la brume. C’est une marche rituelle, douce mais déterminée. Le refrain arrive comme une percée du soleil derrière les nuages : vaste, lumineux, presque irréel.
Avec Running After Time, la cadence s’accélère. La voix se fait plus urgente, les percussions plus vives. C’est la course folle des heures qui s’échappent, la peur de ne pas saisir ce qui compte. Les sons électroniques glissent et se chevauchent, créant une sensation de fuite en avant, de vertige délicieux.
Will O’ the Wisp ralentit le tempo, tend un voile de lumière bleutée sur l’EP. La voix y est plus fragile, presque spectrale. Les arrangements, d’une délicatesse chirurgicale, rappellent les lueurs d’un phare dans la nuit : instables mais rassurantes. C’est un morceau qui parle à ceux qui avancent à tâtons, qui cherchent un point fixe dans un monde mouvant.
Puis Piece of My Soul surgit comme une confession. Pas de grandiloquence, juste une voix posée sur un fil, des accords électroniques qui se déposent comme des gouttes de pluie. Ici, Hadriaan semble écrire pour lui-même, dans une chambre vide, un carnet ouvert sur les genoux. Chaque silence est une phrase de plus. Chaque note, un battement de cœur qu’on croyait disparu.
Our Love Died est un instantané de rupture. Court, incisif, comme un souffle retenu trop longtemps. Les textures minimales laissent toute la place à la voix qui porte la perte sans s’effondrer. À l’inverse, Powerless charge ses beats d’une gravité sourde, un poids qui écrase la poitrine, traduit l’impuissance à changer ce qui est déjà parti.
Mais Hadriaan n’est pas un artiste qui se complaît dans l’ombre. Endlessly (I Heard) marque un tournant, une lente remontée vers la lumière. La voix gagne en amplitude, les chœurs apparaissent comme des fantômes bienveillants, les synthés s’élancent et se retirent, évoquant une mer calme après la tempête.
Heartbeat pulse, littéralement. La basse ronde et les percussions sobres donnent envie de marcher, de réapprendre à habiter son propre corps. Out of Touch ajoute une tension douce, un groove discret qui parle de désir, de distance, de cette envie de retrouver un contact perdu.
Et puis viennent les dernières étapes. Finally Home est une accalmie, une chaleur qui envahit la pièce, une promesse d’asile. Les textures sonores sont plus organiques, presque palpables. Something Wrong, plus sombre, laisse planer le doute : et si la paix n’était qu’une illusion ? La voix se fait plus intérieure, l’instrumentation se resserre. C’est une dernière plongée dans les abysses avant de remonter.
L’épilogue, Our Seasons, est une caresse finale. Les nappes synthétiques s’étirent à l’infini, la voix se fait murmure, presque prière. On sent la boucle se refermer, mais sans brutalité. C’est une fin qui n’en est pas une, un dernier rayon de lumière qui glisse sous une porte entrouverte.
Avec Shine, Hadriaan a sculpté un espace où l’on peut déposer ses peurs, ses espoirs, ses fragments d’âme. Sa musique n’est pas là pour séduire, elle est là pour accueillir, pour rappeler à chacun que même dans la nuit la plus dense, il reste toujours une lueur.
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