La lumière vacille. Une ampoule nue pend du plafond, projetant sur le mur l’ombre d’un corps assis en tailleur, guitare en main. Dans la chambre milanaise, l’air est épais de souvenirs. Les rideaux sont tirés, non pour la scène, mais pour garder la nuit à l’extérieur. Il est deux heures du matin. Le monde dort. Happier, lui, enregistre une confession.
Les premières notes de Curtain’s Call naissent à peine audibles, comme un souffle retenu. Chaque accord semble hésitant, comme si les doigts se demandaient encore s’ils ont le droit de troubler le silence. La voix, fragile, presque tremblante, glisse entre les murs, caresse le bois de la guitare. Il y a là une pudeur désarmante, une manière de dire sans éclat ce que tant d’autres hurlent.
Dans ce huis clos sonore, le chagrin ne se transforme ni en colère ni en regret. Il reste suspendu, comme une poussière dans un rayon de lumière. Happier n’écrit pas une rupture ; il écrit la scène finale d’un acte où l’amour, même en se retirant, laisse derrière lui une chaleur persistante. Curtain’s Call est une révérence, une dernière inclinaison avant que le rideau ne tombe.
La production refuse toute distraction. Pas d’effets, pas de reverbs outrancières. La voix reste brute, captée dans l’intimité d’une chambre devenue sanctuaire. Chaque respiration, chaque froissement de cordes témoigne de la sincérité d’un moment que Happier n’a pas voulu trahir. On sent le bois de la guitare vibrer, on imagine le souffle court, les yeux fermés pour ne pas éclater.
À mesure que la chanson progresse, des images surgissent. Des éclats de rire partagés dans une cuisine, des silences lourds au détour d’un couloir, des nuits blanches à attendre un message qui ne viendra plus. Mais au lieu de s’enfermer dans la douleur, le morceau choisit l’acceptation. Il y a une paix douce-amère, comme celle qui suit une tempête.
Quand les dernières notes s’évanouissent, le rideau tombe doucement, sans fracas. Et dans cette obscurité nouvelle, une promesse germe : celle d’un autre lever de rideau, d’une autre scène, d’un autre rôle à jouer.
Avec Curtain’s Call, Happier offre un fragment de vie, capté dans sa forme la plus pure. Et c’est cette vulnérabilité, si rare, qui donne envie de tendre l’oreille et de rester, longtemps, dans cette chambre où les ombres dansent encore.
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