Le dernier souffle d’un homme oublié, transcrit en rock artisanal : voici Giù sur Neandertal
La nuit tombait sur une vallée glaciale, il y a quarante mille ans. Seul face aux ombres mouvantes, un homme observait les étoiles, inconscient d’être le dernier de son espèce. Ses mains gercées caressaient une pierre gravée de symboles, peut-être une prière, peut-être un adieu. Ce dernier Neandertal n’a laissé ni nom ni mémoire. Seulement une empreinte dans l’ADN humain, une trace minuscule, une résonance. C’est ce murmure que Giù a décidé d’amplifier.
À Embrun, dans le cocon d’un studio à quinze minutes de chez lui, l’artiste français compose et enregistre Neandertal comme on exhume un ancien langage. Chaque note devient une tentative de saisir ce qu’a pu ressentir cet homme à l’orée de l’extinction : la peur, la rage, la nostalgie d’un monde qui s’efface. Giù ne s’adresse pas à un public, il converse avec un fantôme.
Ses chansons, sculptées avec l’exigence d’un artisan, mêlent la flamboyance pianistique d’Elton John à la mélancolie progressive de Kansas et aux mots charnels de Gainsbourg. Mais derrière ces références, il y a une urgence intime, née d’un combat contre la mort durant la première vague de COVID. Hospitalisé, Giù décide de faire de la musique sa mission : écrire, enregistrer, raconter tant qu’il reste du souffle.
Le résultat est brut, vivant, imparfait comme le sont les grandes œuvres sincères. La voix tremble parfois, le rock se fait rugueux, puis s’apaise en ballades éthérées. À la toute fin d’un morceau, une guitare s’invite, ajoutée à la dernière minute par un éclair d’inspiration : un dernier cri de ce Neandertal intérieur qui résiste à disparaître.
Neandertal est un requiem pour les disparus et les survivants, un album qui refuse l’aseptisation du monde moderne. Pas d’IA, pas de surproduction : ici, tout est humain et fait main. Giù revendique 700 chansons dans ses archives, deux autres albums à venir cette année, et une seule certitude : tant qu’il peut créer, il n’est pas prêt à se taire.
Dans ce disque, il y a une solitude que chacun reconnaît. Celle du dernier de son espèce. Celle d’un homme de 62 ans qui refuse d’arrêter de rêver. Et, à travers cette rencontre improbable entre préhistoire et rock, une lueur fragile mais tenace : la musique comme acte de mémoire, comme acte de vie.
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