Il y a dans cette chanson le parfum moite d’un amour avorté, celui qu’on continue de traîner comme une fièvre, même quand la personne est déjà partie. Pas de cris, pas d’effondrement dramatique — juste un glissement lent et triste, comme une lumière au néon qui vacille sur du carrelage fendu. under moon, NEON blÜ, c’est la bande-son d’un cœur qu’on ne voulait plus ouvrir et qu’on a quand même laissé pénétrer.
Rai Anvio ne chante pas, il murmure dans l’ombre d’un ventilateur fatigué. Dans un studio exigu à Jakarta, entre un plafond trop bas et des murs trop pleins de silence, il déroule le fil d’une obsession douce-amère, façon journal intime sous Lexapro. La prod trap est minimaliste, mais tout sauf vide : beats étouffés, textures élastiques, nappes synthétiques presque liquides — comme si Frank Ocean avait croisé les ruelles de 88rising.
Les arrangements flirtent avec la tension ambiante : tout est feutré, feint, presque en suspension. On attend l’explosion, mais elle n’arrive jamais. C’est ça le piège. Comme cette relation. La basse vibre à peine, elle respire. Les silences comptent autant que les mots. Chaque note semble retenue, comme si elle avait peur d’en dire trop. Ou pas assez.
On devine un garçon qui n’a jamais vraiment su comment aimer sans se perdre. Qui a cru qu’en baissant la garde, il trouverait enfin quelqu’un pour l’habiter sans l’envahir. Mais l’autre a tout pris. Et ce morceau, c’est le résidu mélancolique de cette invasion. Une confession éparse, écrite sur les murs mentaux d’un cœur bunkerisé.
Rai Anvio signe ici une micro-odyssée sentimentale : un slow toxique qui s’écoute seul, casque vissé, lumières tamisées, cicatrices ouvertes. Ce n’est pas un tube, c’est un écho. Et ça hante.
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