Pas besoin de fumée ni de miroir. Avec Mafioso, Bagboy Blu plante une ambiance à la frontière du fantasme et du règlement de compte — un film noir revisité en 808 mineures, où le protagoniste rappe plus qu’il ne parle, un œil dans le rétro, l’autre sur l’avenir. C’est un morceau trap mais cinématique, à la croisée de The Sopranos et d’un freestyle de parking.
Le beat claque sec, lourd comme un coffre blindé, mais c’est dans les détails que Blu tisse sa toile : des sonorités glaciales, des nappes discrètes qui évoquent l’Italie sans l’exotiser, et une ligne de basse mafieuse, tout en tension. Le flow, lui, se love dans les interstices du beat avec une précision chirurgicale. Il n’y a ni précipitation ni esbroufe, seulement cette assurance qui fait de chaque mot une balle à blanc ou un tir réel.
Blu endosse ici le rôle du capo sans caricature. Pas de chaînes trop brillantes ni de storytelling de pacotille : son Mafioso est un personnage intérieur, une posture mentale. C’est le rap d’un type qui a dû se construire une armure morale et qui, au lieu de tirer partout, vise juste — parfois même contre lui-même.
On pense à Griselda pour le sens du détail, à Future pour le détachement toxique, mais aussi à la scène drill UK pour cette froideur élégante. Et pourtant, Bagboy Blu ne copie personne. Il murmure ses menaces comme des aveux. Mafioso, c’est la bande-son d’une solitude habillée en survet’, un trône en ruine sur lequel le roi doute, mais ne flanche jamais.
Un track à écouter en boucle dans le noir, ou la main sur la gâchette du cœur.
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