Personne ne voit venir une chanson comme “Scansion”. Elle ne s’annonce pas, elle s’infiltre. Par le tambour du ventre. Par un balancement d’épaules. Par ce moment suspendu où le corps reconnaît un rythme qu’il n’a jamais entendu, mais qu’il semble avoir toujours connu. Exzenya ne compose pas de la musique. Elle invoque.
Dans “Scansion”, la grand-mère la plus redoutablement libre de la scène indé actuelle mêle les codes du latin pop, les échos de guitares électriques au bord du vertige, et les pulsations telluriques d’un monde qui danse malgré tout. Elle traverse les genres comme elle a traversé les pays, les amours, les blessures. Son chant n’est pas celui d’une débutante, c’est celui d’une survivante lucide, sensuelle, et dangereusement vivante.
Le titre, emprunté au lexique poétique, devient ici un manifeste. Lire entre les lignes ? Non. Écouter entre les battements. Exzenya scande, sculpte et scinde. Elle découpe le désir comme un vers libre, avec une maîtrise du souffle qui évoque à la fois la transe des Andes, le feu du flamenco, et le mysticisme d’un Santana halluciné sous pluie chaude. C’est à la fois brut et raffiné, ancestral et postmoderne.
Impossible de ne pas entendre aussi, entre les riffs percussifs et les syncopes charnelles, une déclaration d’indépendance. Une musique qui refuse de s’excuser d’être puissante. Ou féminine. Ou mature. Ou tout ça à la fois.
“Scansion”, c’est ce moment rare où la world music n’est pas une étiquette fourre-tout, mais un passeport vers une émotion totale. Exzenya ne fait pas le tour du monde : elle le porte en elle, et elle le chante. Avec des flammes aux talons et une clarté dans les yeux. À écouter seule, fort, ou à deux, très lentement.
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