x
Music Rock

Impulse Nine nous dévoile l’album NOTHING IS EASY

Impulse Nine nous dévoile l’album NOTHING IS EASY
  • Publishedaoût 5, 2025

Un premier album comme une catharsis, un exutoire solitaire, une prière sans paroles. Impulse Nine, alias Steve, musicien autodidacte de Tucson, livre avec NOTHING IS EASY un disque entièrement instrumental, qui refuse la facilité du verbe pour mieux convoquer le langage brut des textures, des larsens et des silences. Un album pour les nuits trop longues et les deuils qui n’en finissent pas. Pas de refrains faciles ici, juste des morceaux de vie, comme autant de strates géologiques gravées à même la bande.

Dès I’m Sorry About Your Everything, on sent que quelque chose a brûlé longtemps sous la surface. Ce n’est pas une intro, c’est un aveu. Long, cinématographique, presque post-symphonique. Un morceau qui semble marcher lentement dans un champ de ruines affectives, entre les claviers qui vacillent et une guitare qui respire à peine. C’est le dernier morceau que son père ait entendu. Rien que ça.

“A Wake” pousse le volume et l’ampleur. Drones, arpèges répétitifs, une basse au groove contenu comme un cœur sous calmants. Quelque part entre le shoegaze et le post-rock, le titre construit patiemment sa tension avant de l’éclater dans un final libérateur, dansant sans être joyeux, puissant sans être lourd.

“Heavy Metal Mama”, plus direct, célèbre sa mère, officier militaire, en lui offrant une guitare fuzzy et compressée, nerveuse comme un solo de Thurston Moore enfermé dans un ascenseur. Ça tient à peine deux minutes quarante-six mais ça fait mal au ventre. C’est un hommage tout sauf triste, porté par l’énergie brute et l’imperfection assumée du lo-fi.

Puis vient “Fireflies”, capté sur un téléphone, dehors, avec les cigales, le sèche-linge et les fantômes. Une ballade cassée, pleine de soupirs harmoniques et de craquements de bande, comme un enregistrement oublié redécouvert dans une boîte en carton. On y entend la maison. On y entend l’absence.

“All-Nighter”, pièce centrale, déploie ses six minutes comme un souffle profond. Les textures se superposent, lentes, insistantes, jusqu’à l’asphyxie douce. Quelque part entre Mogwai et Mono, sans jamais verser dans le cliché post-rock : ici, le crescendo est moins une mécanique qu’un chemin intime, un appel à rester debout quand on voudrait s’effondrer.

“Heat” arrive ensuite comme une hallucination de milieu de désert. Les guitares se frottent au soleil, ça grince, ça crépite, on a l’impression de fondre avec elles. Il y a dans ce morceau quelque chose de volontairement abrasif, comme une brûlure contrôlée. C’est court, c’est sec, c’est chaud.

Puis l’incertitude. “It Might Be Fine (But I Just Don’t Know)”. Ici, Steve semble hésiter. La basse, influencée par Adam Clayton (U2), groove en 8e obstinée, pendant que des textures shoegaze se faufilent en arrière-plan. Pas de certitudes, juste cette tentative honnête de ne pas sombrer, même sans réponse claire. Un morceau profondément humain dans sa construction hésitante.

Et pour finir, l’épopée. “Shadow Over Johnny Ringo’s Grave” est un western mental, un duel entre silence et fuzz, une chevauchée post-apocalyptique vers la tombe d’un hors-la-loi. Il y a du Radiohead, du Moby, du Morricone dans ce morceau. Mais surtout, il y a Steve. Celui qui a passé 20 ans à douter, et qui ici, ose tout mettre sur la table.

Avec NOTHING IS EASY, Impulse Nine offre une œuvre rare : une autobiographie musicale sans mots, où chaque note semble contenir plusieurs vies. C’est un disque qui ne cherche pas à séduire, mais à consoler. Pas à briller, mais à brûler doucement. À écouter seul, fort, en entier. Parce que rien n’est facile. Mais tout, ici, est vrai.

Pour découvrir plus de nouveautés ROCK n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVAROCK ci-dessous :

Written By
Extravafrench

Laisser un commentaire

En savoir plus sur EXTRAVAFRENCH

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture