On l’imagine seul dans son studio-maison, quelque part à Nashville, devant ce vieux bass acoustique cabossé qui ne joue que sur trois cordes, comme si l’instrument lui-même refusait de se plier aux règles. I Found A Monster naît de là : du bois fêlé, de la fragilité matérielle, et de la nécessité viscérale de dire enfin ce qu’on s’interdisait. Seth Schaeffer n’écrit pas seulement un morceau, il déroule un exorcisme intime.
Ce titre, à mi-chemin entre le score cinématographique et la pulsation alternative, porte la marque des grands qu’il cite — Zimmer, Reznor, Ross, Eilish, FINNEAS — mais ne leur ressemble jamais vraiment. Les cordes, ciselées par Marco Pescosolido et Nikos Mavridis, n’enrobent pas : elles grincent, elles glissent hors des notes attendues. La trompette de Vigilance Brandon fend l’espace comme une alarme lointaine. Et les voix — la sienne, celle spectrale d’Emily Hatch — se fondent en harmonies qui respirent autant qu’elles suffoquent.
Tout, ici, semble pensé pour frôler l’inconfort et en tirer une beauté tordue. On entend les lampes du vieux préampli Westrex crachoter, les basses vibrer jusqu’à l’os, comme si chaque imperfection captée devenait un aveu supplémentaire. C’est cette texture organique, rugueuse, qui transforme I Found A Monster en autre chose qu’un simple morceau : un espace où l’on se confronte à soi-même.
Le “monstre” dont il est question n’a rien d’effrayant, sinon pour ceux qui vivent masqués. C’est le soi brut, nu, celui qu’on retient trop longtemps et qui finit par hurler. Et Schaeffer, en cinéaste autant qu’en musicien, cadre ce cri dans une production qui n’éclate pas tout de suite, préférant monter en tension jusqu’à ce que l’air devienne rare. On ressort de là comme après un rêve fiévreux : pas certain d’avoir tout compris, mais sûr d’avoir touché quelque chose de vrai.
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