Premier contact, une chaleur basse lumière. Kep.Lockhart ne pousse pas la porte, il glisse un pied entre battant et huis, sourit, laisse le silence travailler. Contemporary R&B au grain velours, regard adulte et nerfs indie, ses trois nouveaux titres fonctionnent comme un triptyque intime où l’on revoit les règles de l’attraction sans perdre la pudeur. Tout est affaire de placement, d’espace entre les notes, d’air laissé aux corps.
Chocolate City déroule en panoramique. Déclaration d’amour à ces femmes-métropole, peau contre skyline, la production caresse sans sirop, basses profondes à la D’Angelo tardif, Rhodes qui steame la vitre, drums feutrées qui ne cherchent jamais la démonstration. Kep ne surjoue pas : voix centrée, grain proche, diction nette qui préfère le détail aux grands effets. Le morceau a le goût d’un dimanche qui s’éternise, quand la ville se fait chambre et que le monde passe en mode ralenti.
Spin joue la réconciliation en mouvement. Riffs de guitare électrique filés comme un ruban, clap discret, kick rond, tout tourne autour d’un mantra : mettre l’orgueil en veilleuse et retrouver la danse perdue. La topline est une spirale maîtrisée, le hook n’explose pas, il aimante. On pense aux mixages modernes qui laissent respirer la stéréo, à ces choruses subtils sur la six-cordes qui teintent l’ensemble d’une lumière bleutée. Résultat : un mid-tempo qui oxygène la mémoire et muscle le pas.
Groupie renverse le miroir avec élégance. Ici, c’est l’artiste qui sue la muse, et non l’inverse. Le texte s’avance sans armure, timbre plus nu, réverbe courte qui met la peau à portée de main. La prod, minimaliste et précise, laisse s’ébrécher l’assurance R&B au profit d’un vertige assumé. On entend les respirations, les micro-glissés de voix, cette fragilité qui fait la différence entre posture et aveu. C’est le morceau le plus risqué, donc le plus mémorable.
Ce qui relie ces trois pièces, c’est une science du tempo émotionnel. Kep.Lockhart sait où placer le silence pour qu’il pèse, sait quand lever le pied pour que le groove avance seul. Pas de clinquant, pas de sucre de synthé inutile : une écriture de la proximité, adulte, tactile, qui pratique la suggestion plutôt que le slogan. Trois titres, trois angles, une même promesse tenue : rappeler que le R&B ne se juge pas au décibel mais à la fièvre qu’il laisse après.
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