Première sensation : un halo chaud, comme la lumière d’une chambre avant l’aube, puis une voix qui parle vrai, sans costume ni posture. Rare n’essaie pas de briller, il aligne. Echezona, enfant de Dorchester et fils de l’Igbo-land, y pose un R&B aux reflets afro, traversé par une conscience hip-hop qui ne court pas après la punchline : elle choisit la justesse. On entend le projet Ényì (“ami”), sa colonne vertébrale communautaire, mais la focale ici est intime : aimer avec précision, dire la vérité sans décor inutile.
JPRiZM signe une production qui respire grand. Batterie souple, swing discret héritier des syncope afrobeat, basse feutrée qui pousse l’air sans l’étouffer, claviers en teinte miel qui laissent la voix au premier plan. Tout est affaire d’équilibre : assez de profondeur pour danser dans la tête, assez d’espace pour que le texte chasse l’esbroufe. Pas d’empilement superflu, plutôt une architecture en clair-obscur où chaque silence devient un argument.
La performance d’Echezona tient de la confidence tenue. Timbre chaleureux, placement millimétré, phrasé bilingue qui laisse deviner les racines sans jamais jouer la carte du folklore. C’est la grâce de la double appartenance — Son of Africa, Son of America — utilisée comme palette, pas comme sticker. Le chant ne se met jamais au garde-à-vous ; il accompagne, il encadre, il reformule. Quand les harmonies latérales surgissent, elles ne gonflent pas la poitrine : elles ouvrent une fenêtre.
Ce que Rare réussit mieux que beaucoup, c’est la pédagogie du cœur lucide. Le morceau ne vend pas l’idylle ; il rappelle la valeur de ce qui ne se trouve pas en série. L’amour existe, dit-il, mais il est rare — alors on l’honore, on l’écoute, on ne le dilue pas. Vision résolument tournée vers l’avenir : une masculinité douce qui refuse la mise en scène tout en assumant la vulnérabilité comme force créative.
Dans la trajectoire d’Ényì, Rare agit comme point de repère : un repoussage du bruit ambiant, une esthétique d’orfèvre au service d’une éthique. C’est le genre de titre qui se glisse partout — playlists nocturnes, routes sans hâte, matinées à recoller les pièces — et qui, sans fracas, reprogramme la façon d’aimer. Pas de feux d’artifice : une braise tenue. Et ça réchauffe longtemps.
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