Premier coup de médiator, je sens l’odeur de bois brûlé et de stickers décollés sur un flight-case. Avow n’essaie pas de te séduire : il t’embarque par le col, direction un garage de Melbourne où les murs vibrent déjà. Duo frontal — Luke et Ethan —, Razor Burn joue la carte la plus risquée et la plus belle : l’authenticité sans casque anti-bruit. Résultat, un single de punk mélodique qui ne masque rien, ne s’excuse jamais, et réussit ce numéro d’équilibriste que beaucoup ratent : être massif sans devenir boursouflé.
Côté fabrication, on entend le self-recording assumé et dompté. Guitares doublées large, grains complémentaires (une saturation qui mord, une autre plus velours) ; palm-mutes qui mordent la grille, puis ouverture aérée dès que le refrain avale la pièce. La batterie avance au couteau : kick sec qui tape dans le sternum, snare nerveuse avec ce snap métallique juste au-dessus des médiums, cymbales tenues pour laisser aux voix leur boulevard. La basse n’est pas un décor — elle pousse l’harmonie comme un bélier, s’épaissit dans les pré-refrains et ancre le chant quand ça décolle.
Les “big vocals” portent bien leur nom. Lead franc, sans vibrato décoratif, doublages latéraux qui donnent de l’ampleur sans transformer la mélodie en poster. On devine des chœurs façon gang en arrière-plan, utilisés avec parcimonie pour allumer la mèche au bon moment. Le songwriting est carré, efficace, tout en petites malices : un break en demi-temps qui creuse l’estomac, un pont qui joue la tension plutôt que le solo démonstratif, une dernière relance qui revient plus haut mais pas plus lourde. Le mix respecte la dynamique du style : compression qui colle le groupe sans étouffer, transitoires vifs, voix devant la ligne de front.
Ce qui accroche vraiment, c’est la sincérité musculaire du morceau. Avow parle de promesse tenue : celle d’un groupe qui préfère écrire des hymnes pour salles moites plutôt que compter les algorithmes. “Huge riffs, big vocals” n’est pas ici un argument marketing, c’est la charpente. Et si l’album qui arrive garde cette science du relief — urgence, chant porté, refrains taillés pour la mémoire musculaire —, Razor Burn a tout pour sortir du local sans perdre l’odeur de la peinture fraîche. Avow, c’est la claque propre : tu vois les étoiles, tu souris, tu remets play.
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