Pas question de choisir entre la précision pop-house de Schulz, la démesure festival d’Aoki et une performance vocale qui refuse la neutralité : Bloodtype marie les trois et t’impose un nouveau rythme cardiaque. J’écoute et je sens la salle se recalibrer autour d’un quatre-temps qui n’a plus rien de décoratif. Bass house en carrosserie rugueuse, electro house en moteur propre, EDM big room en aileron arrière pour maintenir la trajectoire quand la foule prend le virage.
Côté fabrication, c’est clinique et sauvage à la fois. Kick court, percutant, calé pour pousser le sub sans mordre le médium ; clap serré doublé d’un rim sec pour la vélocité ; hi-hats en double croche avec ces micro-accents qui créent la sensation d’aspiration dans les drops. La basse, légèrement distordue, colle au sidechain au millimètre : chaque respiration du compresseur fait gonfler la poitrine. Stabs acides en stéréo élargie, arpèges sciés à la scie sauteuse et couches de synthés au cut-off animé ; on entend la patte Aoki dans l’architecture des builds — montée tenace, snare rolls qui rassemblent — et la signature Schulz dans le poli du haut du spectre, ce brillant qui accroche sans fatiguer.
LAWRENT joue le catalyseur : timbre net, lignes mélodiques tendues comme des filins, diction qui laisse passer l’urgence sans perdre la tenue. Le traitement vocal reste moderne, pas tapageur : un soupçon de saturation harmonique pour l’adhérence, doubles latéraux pour élargir le refrain, delays courts qui laissent au hook la place d’imprimer. Le texte laisse deviner une obsession de l’appartenance et du seuil — l’idée qu’on change de peau quand la salle respire à l’unisson —, et la DA transforme cette intuition en mécanique collective.
L’arrangement, lui, préfère la poussette continue à l’uppercut unique. Première section pour échauffer la nuque ; break qui retire la basse et fait miroiter des accords en suspension ; drop numéro un, sec, en ricochet ; deuxième montée plus narrative, avec un pont qui feinte le silence avant de lâcher un mur de transitoires propre. Pas de boursouflure : compression bus maintenue, dynamique encore en vie, le tout pensé pour l’enchaînement DJ autant que pour la boucle en streaming.
Verdict personnel : Bloodtype n’ajoute pas un tube de plus au rayon festival, il change la métaphore. Ce n’est pas un shot d’adrénaline, c’est une transfusion. Tu sors du morceau avec un autre débit, une autre couleur dans les veines, et la très nette impression d’avoir été réglé à la bonne fréquence. Ajoute-le à la rotation des heures tardives : c’est précisément là qu’il révèle son groupe… et le tien.
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