Je ne pensais pas qu’un mot aussi froid, aussi trivial que “ghosting”, pouvait se transformer en chanson qui vous serre le ventre. Fiona Amaka l’a fait. Son nouveau single, Cowards and Shadows, n’est pas seulement une réflexion sur ces disparitions silencieuses qui gangrènent nos vies amoureuses, amicales ou professionnelles : c’est une radiographie de notre époque, une époque où l’absence a pris plus de poids que la présence.
Derrière ce titre, enregistré à Londres avec Andy Zanini, producteur-guitariste à la patte nette et subtile, il y a une atmosphère art-house qui ne cherche pas à séduire de façon frontale. On est dans une indie-rock teintée d’ombres, qui se nourrit de retenue pour mieux frapper. Les guitares ne hurlent pas, elles planent comme un spectre au-dessus d’un cœur battant. La voix de Fiona, elle, déchire par sa sincérité : directe, presque nue, mais avec une intensité théâtrale qui rappelle ces artistes capables d’ériger leurs failles en cathédrales.
On comprend pourquoi le morceau a vite trouvé son écho lors des open mics : il ne cherche pas l’universalité, il la touche sans calcul. Chacun reconnaît ces silences lâches, ces disparitions sans explications, et se retrouve happé par cette manière de les transformer en musique. Ce n’est pas une plainte, c’est une mise en lumière. Comme si Bowie avait laissé traîner un carnet de notes dans un bar londonien, et que Fiona Amaka en avait fait une chanson du présent.
Il y a dans Cowards and Shadows une tension entre élégance et brûlure, une précision d’écriture qui se permet le flou artistique. On sent un morceau taillé pour résonner en live, un refrain qui n’explose pas mais qui s’imprime comme une cicatrice. Dans un monde saturé de notifications, Fiona rappelle que le silence est parfois le son le plus violent. Et que la musique, elle, sait l’habiter.
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