Il y a quelque chose de bouleversant dans l’idée qu’Izzy Burns ait commencé sa vie sans voix, réduite au silence par une trachéotomie d’urgence, avant de devenir chanteuse. Diary of a Hopeless Romantic, son premier album, porte cette trajectoire dans chaque mesure : la fragilité et la force, l’humour et la douleur, le romantisme maladroit et la lucidité crue. Plus qu’un disque, c’est un journal intime mis en musique, une série de pages froissées qui sentent encore l’encre fraîche.
Enregistré à Bear Creek Studios — ce sanctuaire folk révélé par Brandi Carlile — avec le producteur Taylor James Carroll et une équipe complice (Mellad Abeid, Owen Thayer, William Sage, Charles Wicklander, Dune Butler), l’album conserve l’esprit des sessions : une écriture brute, des jams transformés en arrangements, la matière vivante du studio. On y sent la respiration collective, le va-et-vient entre la voix solo d’Izzy et les couleurs de ses musiciens.
Recovery, premier morceau marquant, installe le ton : un folk-pop rétro, ironique et un peu blues, qui parle de rupture avec autant d’amertume que de tendresse désabusée. Picture In Your Wallet prolonge cette veine intime, chanson polaroïd où les détails deviennent poignards. Pick Me Up, plus lumineux, joue le rôle du morceau respiration, porté par un refrain accrocheur et une instrumentation vibrante. Untouchable renoue avec l’introspection, voix en avant, guitares sobres, mélodie qui frôle la confidence.
Dreaming On Overtime traduit l’urgence de l’âge, ces insomnies pleines d’espoir et de doutes ; Would’ve Could’ve Should’ve, avec son titre déjà confessionnel, raconte les regrets en mode ballade folk théâtrale. Someone’s Someone se penche sur la quête d’identité et d’appartenance, quand What A Dream prend un contre-pied onirique, presque pop-folk à la Fleetwood Mac. Never Know s’aventure dans la zone grise des incertitudes, tandis que Hard to Forget clôt l’album comme une cicatrice : mélancolie persistante, refrain qui refuse de disparaître, dernier mot qui reste suspendu.
Dans l’ensemble, l’album combine l’empreinte de ses influences (Brandi Carlile, Lumineers, Josh Ritter, First Aid Kit) avec une sincérité juvénile qui fait sa force. Pas de pose : Izzy écrit comme on rature un cahier, chante comme on ouvre une blessure, arrange comme on recoud une mémoire. Diary of a Hopeless Romantic est une première œuvre d’autant plus forte qu’elle assume ses maladresses comme des preuves d’authenticité.
Izzy Burns n’a pas seulement signé un début prometteur : elle a redonné à sa voix, longtemps menacée de silence, le rôle qu’elle devait avoir — celui d’un instrument de survie, et maintenant, de partage.
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