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Jenny Maybee sur Only Love : l’album-jardin où le jazz repousse en néons (et te cueille titre par titre)

Jenny Maybee sur Only Love : l’album-jardin où le jazz repousse en néons (et te cueille titre par titre)
  • Publishedaoût 20, 2025

Je lance Only Love comme on entrouvre une serre la nuit : condensation sur les vitres, parfums d’herbes rares, machines qui respirent doucement. Jenny Maybee n’empile pas des genres, elle greffe. Pianiste-chanteuse-compositrice productrice, elle écrit, arrange, dirige, et laisse Isha “The Mad Scientist” Erskine polir la lumière autour. La section rythmique — Nick Carico (batterie) et Ariane Cap (basse) — plante des racines profondes, pendant que les claviers et les chœurs se déploient en lianes cinématographiques. Alternative jazz, oui, mais surtout cartographie d’un territoire intime qui change d’altitude à chaque piste.

No Resistance ouvre comme un prologue de film : motif pianistique à l’ossature classique, pulsation rock tenue en respect, contrechants électroniques qui dilatent l’espace. La voix porte droit, sans vibrato de trop, et établit la règle du jeu : lyrisme précis, dramaturgie de studio.

Run accélère le cœur. Groove souple, basse élastique, batterie en pas de côté : on y entend la science du mouvement, les claviers scintillent en particules, les arrangements ménagent des brèches d’air. C’est la fuite vers l’avant qui respire.

On My Way bascule en format voyage court. Mélodie claire, chorus de piano mesuré, chœurs en halo. La dynamique évoque la route : lignes droites, rares virages, vitesse émotionnelle constante.

Holy Holy suspend le temps : harmonie jazz étagée, nappes quasi chorales, batterie au balai qui dessine des ellipses. Le sacré affleure par pure architecture sonore, sans emphase.

Love Let Me In joue la proximité. Beat minimal, piano électrique comme une lampe de chevet, ligne de basse parlante. La production place la voix très près du visage, on perçoit chaque intention.

Ain’t No Better Lover dégaine l’insolence élégante : arrière-goût R&B, syncopes claires, hook qui s’imprime sans forcer. La section rythmique serre le cadre, Jenny pousse des harmoniques au piano comme des éclats de verre poli.

Like The Sun réchauffe le spectre. Rayon pop assumé, accords ouverts, progression qui grimpe palier par palier. Sensation de lumière nette, refrains respirés, mix aéré.

Call Me réinstalle la tension : patterns électroniques sobres, cymbales qui frissonnent, clavier en échos courts. La construction dramatique glisse par micro-ajustements, pas d’explosion, une montée par capillarité.

Eat The Ash surprend par sa rugosité poétique : textures plus sèches, batterie anguleuse, basse au grain dense. On entend l’expérimentation maîtrisée, un goût de terre et d’étincelles.

I Am Love recentre l’album en déclaration d’identité timbrale. Format bref, quasi mantra : superpositions de voix, piano qui respire, basse en battement cardiaque. C’est la thèse du disque en miniature.

This Is The Life installe l’allure d’un générique lumineux : forme couplet-refrain limpide, pas mal de lumière dans les médiums, solo succinct qui raconte juste ce qu’il faut. L’écriture penche pop, l’âme reste jazz.

Only Love, pièce-titre, clôt en plan-séquence minimaliste. La structure s’épure jusqu’à frôler l’impro libre : piano nu, voix qui s’ouvre en éventail multicolore, halos électroniques comme des lucioles. Sensation de retour à la source — on entend la promesse du titre devenir méthode.

Au fil de ces douze stations, Jenny Maybee fabrique une esthétique de la précision sensible : harmonies jazz taillées au millimètre, textures électroniques sans tapage, orchestration ciné qui élargit le cadre, chœurs “full choir” sculptés en relief. L’album n’érige pas un pont entre tradition et modernité ; il fait passer la sève de l’une dans les circuits de l’autre. Résultat : un disque qui s’écoute casque vissé ou enceintes honnêtes, de préférence les deux, pour saisir la double vie de ces morceaux — jardin et néon, peau et pixel.

Pour découvrir plus de nouveautés du moment, n’hésitez pas à suivre notre Playlist EXTRAVANOW ci-dessous :

Written By
Extravafrench

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