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Quand Cuba se faufile dans le velours du jazz avec Yudelkys Pérez sur Pasada las 12

Quand Cuba se faufile dans le velours du jazz avec Yudelkys Pérez sur Pasada las 12
  • Publishedaoût 20, 2025

La première écoute de Pasada las 12 a quelque chose de cinématographique : une scène nocturne à La Havane, les trottoirs encore chauds, les volets entrouverts, et une voix qui découpe l’air comme une lumière oblique. Yudelkys Pérez n’offre pas un simple single, elle signe une pièce d’identité artistique. Sa voix, entre clarté et retenue, glisse sur les accords avec une assurance qui ne cherche pas l’effet mais l’impact. On comprend vite pourquoi on parle d’elle comme d’un trésor caché de Cuba : elle incarne à la fois l’intime de la canción traditionnelle et la sophistication d’un phrasing jazz, sans jamais basculer dans la démonstration.

Autour d’elle, le casting impressionne : Chucho Valdés au piano, présence tutélaire qui apporte à chaque accord une résonance de légende ; Jose Carlos Acosta et Julio Padrón, héritiers du souffle Irakere, qui ajoutent ces respirations cuivrées capables de transformer une mélodie en fresque ; la mémoire de Lucia Huergo, dont la composition sert de colonne vertébrale au morceau ; Niurka Sánchez et Geovanis Alcántara López, en co-production, qui veillent à la précision de chaque nuance. Mais le miracle de Pasada las 12, c’est que malgré ce parterre de grands noms, la chanson reste profondément celle de Yudelkys. Elle en est l’architecte sonore et émotionnelle, arrangeuse et productrice, gardienne de la cohérence.

Techniquement, le morceau réussit un équilibre rare : la complexité harmonique et rythmique propre au jazz n’écrase jamais l’accessibilité mélodique de la canción. La voix évolue dans un espace mixé avec soin, jamais noyée, toujours mise en avant, mais accompagnée par une instrumentation qui respire. On y entend le blues dans les silences, le jazz dans les inflexions, Cuba dans la chair des harmonies.

Pasada las 12 n’est pas une simple fusion de genres : c’est une transfiguration. Elle révèle ce que peut devenir la musique cubaine quand elle ose se placer dans un dialogue égalitaire avec le jazz international, tout en restant enracinée dans sa propre tradition. C’est un morceau qui, au-delà de ses qualités musicales, trace une trajectoire : celle d’une chanteuse qui ne se contente pas de recevoir un héritage, mais qui le transforme en voix contemporaine.

Un classique moderne, dit-on déjà. Mais surtout un rendez-vous nocturne qui s’écoute comme on attend une confidence — passée minuit, quand tout se tait sauf la musique.

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Extravafrench

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